ULTIMATUM
Un dur coup pour l'AGEsshalcUQAM - Par Thomas Chiasson-Lebel
Éditorial - Par le comité exécutif de l'ASSÉ
G-20/FMI/BM à Ottawa - Par Philippe Coderre-Sévigny
Plans de réussite et diplomation - Par Héloïse Moysan-Lapointe
École ou Éducation - Par Antoine Casgrain
L'occupation du Ministère de l'Industrie et du Commerce - Par Alexandre Marion
Section «Interne» (nouvelles des associations étudiantes locales)
Campagne des 200 millions, victoire ou recul - Par Mathieu Savard
Vers un dégel des frais de scolarité - Par David Pépin
Tandis que tout le monde est occupé - Par Jérémie Duhamel
Pendant que les compagnies en profitent - Par le Comité Femmes de l'ASSÉ
Bibliographie féministe - Par le Comité Femmes de l'ASSÉ
Lois anti-terroristes - Par David Pépin
Chronique Arts - Par Martin Rose
La grande Europe de l'Éducation - Par la Fédération Syndicale Étudiante
Héloïse Moysan-Lapointe, étudiante à Maisonneuve, et Jérémie Duhamel, étudiant en Science politique à l’UQAM
Depuis les dernières réformes, on voit l'éducation soumise de plus en plus efficacement aux lois du marché. Tandis que nous assistons à une véritable révolution dans le domaine de l'éducation, nous observons que notre bien-être intellectuel est loin d'être prioritaire. Alors qu'il faudrait obtenir qualité et gratuité, on nous propose efficience, performance et productivité. Les politiques gouvernementales, particulièrement celles imposées au réseau de l'éducation, ressemblent beaucoup plus à des plans de rentabilisation qu'à des moyens, pour les étudiantes et étudiants, de se développer et s'émanciper. Si les fondements politiques des mesures mises en place il y a quelques années étaient ambiguës, force est d'admettre que depuis le Sommet du Québec et de la Jeunesse (SQJ), aucun doute ne persiste quant à la mission des institutions scolaires. Le système d'éducation québécois prend un virage néolibéral qui se traduit par l'arrimage parfait avec l'entreprise privée. Pour ce faire, les institutions d'enseignement sont forcées d'adopter à la fois les objectifs et modes de fonctionnement du marché. Ainsi s'insèrent des mécanismes qui favorisent la quantification et la standardisation de la performance et de la réussite de notre réseau. L'entreprise, rappelons-le, a pour but de générer des profits et pose comme condition essentielle l'atteinte du profit. Or, cette perspective, en engageant notre activité sur la voie de la marchandisation, pose des règles qui tendent à pervertir les droits et intérêts objectifs des étudiantes et étudiants du Québec.
Dans les universités, les effets du néolibéralisme sont flagrants. Tandis que de nombreux cours disparaissent ou se combinent avec d'autres, nous observons une augmentation notoire du nombre d'élèves par groupe-cours. De plus grandes charges de travail attribués aux enseignantes et enseignants entraînent une diminution dangereuse de la disponibilité. Dans le cadre de la rationalisation annoncée au SQJ et contenue dans les Contrats de performance, les programmes ne menant pas à un secteur de plein-emploi sont sujets à un charcutage plus radical, du fait qu'il ne sont ni protégés par les ordres professionnels, ni source de main d'œuvre pour les entreprises. Les modalités des ententes qui lient les institutions à l'État ne sont pas sans rappeler les recommandations émises par l'OCDE .
Dans le réseau collégial, la présence du privé est galopante. En effet, dans les programmes techniques, le manque de fonds publics force les collèges à trouver des moyens palliatifs pour se procurer l'équipement souvent coûteux. Les compagnies privées s'immiscent aussi dans les collèges par des contrats de sous-traitance de ménage, de services alimentaires, ou de gestion, offrant de moins bon services à prix plus élevés. L'exclusivité garantie par ces contrat empêchent souvent la mise en œuvre d'initiatives solidaires et de services équitables. Plus qu'un simple désengagement de l'État, ces démarches doivent être vues comme la première des tentatives de mise sur pied de mesures qui seront favorables et qui appellent à l'exercice du plein potentiel du privé.
Mais au delà des entreprises elles-mêmes, la logique marchande prend une place prépondérante dans les structures mêmes du réseau collégial et universi-taire. Le ministère, par les plans de réussite et de diplomation et les contrats de performance, l'évaluation institutionnelle et le projet d'habilitation, place les institutions d'enseignement en compétition directe les unes par rapport aux autres. De ce fait, ce sont les étudiantes et étudiants qui écopent des conséquences délétères de la course à la meilleure clientèle et de la recherche d'atteinte de cibles : baisse de l'accessibilité, diminution de la qualité de l'enseignement, mesures coercitives pour sélectionner l'élite et évincer les autres. À juste titre, nous notons que l'éducation est instrumentalisée afin de combler les exigences de la minorité qui possède et qui domine. Parce qu'en éducation résident des pouvoirs qui permettent la perpétuation de l'idéologie dominante, les intérêts sont nombreux pour les investisseurs et amoureux du capital.
En février 2000, les étudiantes et les étudiants étaient dans la rue ; anticipant les méfaits d'un sommet déjà joué. En deux ans, on a pu voir les conséquences du SQJ fleurir dans le milieu de l'éducation. Les dés étaient effectivement pipés : le patronat avait la plus grande mise. Maintenant au fait des effets concrets de ces mesures, il est temps de réagir. L'Association pour une Solidarité Syndicale Étudiante lance en grande une campagne sur le thème de l'assujettissement de l'éducation aux lois du marché. Il est plus que temps d'opposer une résistance solide et organisée aux attaques du gouvernement. Pour que l'émancipation des masses soit possible, un RÉ-investissement massif en éducation est nécessaire.
Cette session débutera avec de nombreuses occasions de s'informer et de débattre sur les enjeux en éducation. D'abord, les 26 et 27 janvier se tiendra un camp de formation, lieu d'information et de débat sur les problématiques parti-culières à l'éducation. Les associations étudiantes du Québec sont invitées à participer à une semaine nationale d'actions locales sur la question de l'assujettissement de l'éducation aux lois du marché. Appelées à s'organiser et à se mouvoir sur des bases régionales, les étudiantes et étudiants auront l'occasion d'entonner simultanément l'expression d'une colère et d'une lucidité solidaires. Cette semaine aura lieu du 4 au 8 février, l'objectif étant de nous prémunir d'outils et de ressources pour les luttes à venir. Dans le cadre de la semaine d'actions locales, des tournées de piquetage volant auront lieu à travers la province. Enfin, le 21 février 2002, les étudiantes et étudiants pourront se rassembler à Québec, prendre possession des rues et protester contre le virage imposé au système d'éducation. La date de la manifestation se rapproche intentionnellement de celle du sommet du Québec et de la jeunesse, 22 février 2000. Deux ans plus tard, les étudiantes et étudiants ne sont toujours pas satisfait-e-s des résultats de ce sommet, outil de légitimation d'un État bourgeois et irresponsable.
Thomas Chiasson-Lebel, étudiant en Sociologie à l’UQAM
Nous apprenions, le 28 novembre dernier, que l'Association Générale Étudiante des secteurs de sciences humaines, arts, lettres et communicationde l'UQAM (L'AGEsshalcUQAM) perdait sa reconnaissance de l'Université. En termes pratiques, cela veut dire que l'administration ne percevra plus les cotisations pour la plus grosse association étudiante de l'UQAM. Dès février prochain, ce sont quatre associations facultaires, dont les statuts et règlements n'existent pas encore, qui occuperont les locaux actuels de l'AGEsshalcUQAM et bénéficieront de la perception de cotisations par l'administration. Et le tout, par une procédure qui en laisse plus d'un perplexe.
Un brin d'histoire
L'AGEsshalcUQAM est la plus vieille association étudiante de l'UQAM. Fondée en 1975 sous le nom d'AGEUQAM, elle est alors la seule association étudiante sur le campus. Ce n'est qu'en 1984 qu'elle obtiendra le statut d'association officiellement reconnue par l'Université pour représenter les étudiantes et étudiants des secteurs membres (gestion n'en fait pas partie) . Cette reconnaissance lui permit alors de recueillir une cotisation auprès de tous les étudiants et de toutes les étudiantes par le biais de la facturation universitaire.
Cette reconnaissance était le résultat d'un processus référendaire prévu par la politique 32 de l'UQAM qui porte justement le nom de "politique de reconnaissance des associations étudiantes".
Le processus et ses bévues
Or voilà qu'en octobre dernier, une pétition d'à peine 400 noms est déposée au secrétariat des instances pour contester la représentativité de l'UQAM. Pour une association de 13000 membres, 400 personnes ne représentent que 3 % de la population totale. La pétition visait en fait à démembrer l'AGEsshalcUQAM par voie référendaire de ses 4 secteurs membres ( arts, lettres et communication, sciences humaines, science politique et droit ) pour créer 4 associations étudiantes facultaires.
Un processus référendaire s'enclencha alors. Bizarrement, c'est l'administration qui contrôlait et finançait ledit référendum par une organisation complètement extérieure aux procédures de l'association elle-même. Dans ce contexte, l'administration était juge et parti. Effectivement, les comités de scrutin étaient composés d'un nombre égal d'adminitrateurs-trices et d'étudiant-e-s. Le hic, c'est que deux groupes étudiants étaient représentés sur les comités, tant les partisans et partisanes que les détracteurs de la division En d'autres termes, l'administration possédait un droit de veto sur tout le processus.
Le référendum eut lieu par voie postale. Les coûts d'un tel processus furent entièrement défrayés par l'UQAM. C'est dire à quel point l'administration était prête à payer cher pour se débarrasser de l'association la plus revendicatrice de l'UQAM. De plus, comme le processus eut lieu par voie postale, il fut impossible de s'assurer que les votantes et votantes étaient bel et bien les membres ou même des étudiants et étudiantes de l'UQAM. Cette manière de faire en laissa plusieurs perplexes.
En ce qui concerne les associations facultaires, la politique 32 de l'UQAM mentionne clairement (art. 6.1.2, section III) qu'elles ne peuvent demander de référendum si elles n'ont pas de lettres patentes, documents établissant juridiquement l'existence de l'association. Comme par hasard, l'administration n'exigea aucun document constitutif, elle se contenta de noter les noms de trois étudiants ou étudiantes pour chaque secteur, et elle les désigna administrateurs et administratrices temporaires des nouvelles associations. On remarque ici que pour diviser les étudiantes et les étudiants, l'administration ne se sent pas obligée de respecter ses propres règlements.
En bref, c'est dans un contexte ambigu et douteux qu'eut lieu le référendum.
Le camp de la désunion
Deux équipes s'affrontèrent sur le terrain. Du côté de la division, il y avait une panoplie de gens hostiles à la lutte étudiante. Il y avait tant des jeunes péquistes, partisans du comité souverainiste de l'UQAM, que des dirigeants et dirigeantes d'associations étudiantes modulaires en mal de pouvoir, et des membres de l'ancien exécutif, celui-là même qui n'avait pas été élu aux élections du printemps dernier. Effectivement, seule équipe à se présenter, les étudiantes et les étudiants ont alors préféré voter pour la chaise plutôt que de reconduire le mandat de ces anciens exécutants et anciennes exécutantes.
Ce sont eux et elles qui assurèrent quand même le roulement de l'association durant l'été. Un été qui fut, par ailleurs, très houleux. Le quotidien Le Devoir fit paraître un article à ce sujet durant le mois d'août. Il dénonçait quelques irrégularités financières commises par l'exécutif intérimaire alors en poste. Pendant ce temps, l'administration fait semblant d'ignorer la situation. Toute cette histoire ne joua certainement pas en faveur de l'unité étudiante au sein de l'UQAM, et lorsque ce sont les mêmes personnes qui jettent le discrédit sur une association pour ensuite la détruire, il y a quelques questions à se poser. Le Montréal Campus, journal étudiant qui n'est pas réputé pour être favorable à l'AGEsshalcUQAM, soupçonna même la Fédération Étudiante Universitaire du Québec (FEUQ) de se mêler de la partie pour diviser cette association qui venait tout juste de quitter ses rangs.
Les résultats
Le 28 novembre 2001, c'est dans l'étonnement général quand furent annoncés les résultats. C'est presqu'aux deux tiers que tous les secteurs décidèrent de désaffilier. Même les secteurs généralement reconnus comme favorables à l'AGEsshalcUQAM quittèrent en grandes pompes. Toutefois, l'association existe encore. Elle vient simplement de perdre son financement et ses locaux au profit de quatre associations qui n'existent pas encore réellement. À ce jour, aucune assemblée générale n'a eut lieu et aucun administrateur ni aucune administratrice n'ont été élu-e-s. Il n'existe ni statuts, ni règlements pour ces associations. Malgré cela, l'UQAM a perçu une cotisation auprès des étudiantes et des étudiants pour la session.
Ce qu'il faut retenir
Comme première action du nouveau recteur de l'UQAM réputé "de gauche", la division de la plus grosse association étudiante laisse perplexe. Cela va de pair avec la facultarisation qui a présentement cours dans "l'Université du peuple" et que l'administration peine à imposer.
De plus, lorsque la division règne dans l'association pour cause de comportements douteux de ses dirigeants et dirigeantes, l'Université n'a pas de réels besoins d'intervenir. Mais lorsqu'une dynamique de contestation des politiques néolibérales prend racine, tel que ce fut le cas durant la session d'automne, l'administration s'empresse de diviser les forces étudiantes.
Finalement, lorsqu'on combine cette histoire avec celle du Concordia Student Union (CSU), on est en raison de douter de l'existence de la liberté d'association au Québec. Peut-être ne sont-ce que le contre-coup des événements du 11 septembre ?
i. Pour plus d'info sur l'histoire de l'AGEsshalcUQAM, voir le site internet : http://www.er.uqam.ca/nobel/sshalc/archives/element.html
ii. Notons que cette politique est contraire à la loi.
iii. Voir sur le site web disponible à l'adresse : http://www.unites.uqam.ca/instances/politiques/Politique_32.html
iv. Voir l'article de Pierre-André Normandin : Contre-Attaque dans le Montréal Campus vol. 22 no. 7, disponible à l'adresse : http://www.unites.uqam.ca/~campus/archives/xxii07/archxxii07.html
v. voir unité…
Le Comité exécutif de l’ASSÉ
En dix ans, l'éducation québécoise a essuyé des vagues de coupures sans précédant que l'on chiffrait déjà en 1996 à 1,9 milliards de dollars. Toutes choses étant égales par ailleurs, ces coupures s'effectuant dans des postes budgétaires récurrents, ces sommes continuent à ne plus être versées et l'éducation conti-nue de s'appauvrir. L'appauvrissement, en partie conséquence du manque d'argent dans le réseau de l'éducation, se manifeste surtout dans la vision de plus en plus pauvre que le gouvernement donne à l'éducation. Effectivement depuis le début, avec Madame Robillard (ministre de l'éducation de 1990 à 1994), les coupures en éducation s'accompagnent de réformes bien singulières dont on voit déjà les conséquences désastreuses dans nos écoles, collèges et universités.
Ce qui se trame depuis Robillard, avec le concours de Marois et de Legault, c'est l'application d'une vision administrativiste de l'éducation, d'une vision néo-libérale de l'éducation. C'est la privatisation de l'éducation qui est en chantier. Aussi bien dire qu'il s'agit d'un chantier de démolition.
En 1999, le gouvernement Bouchard convoque un grand sommet qui a pour fonction de cautionner les réformes et de les faire gober au milieu de l'éducation par la distribution de petits cadeaux empoisonnés. Le Sommet du Québec et de la jeunesse (SQJ) constitue effectivement un moment fort du projet de privatisation de l'éducation. Toute une série d'acteurs plus ou moins proche de l'éducation et de la jeunesse s'y seront réuni. Mais avant même la tenue de ce sommet, des étudiantes et des étudiants dénoncent la mascarade et l'on qualifiera déjà la rencontre de "Sommet bidon". Mais le consensus est sauvé in extremis par l'accord donné par les Fédérations étudiantes (FECQ et FEUQ) alors qu'une manifestation de 2000 personnes aux portes du Sommet est réprimée par des gaz lacrymogènes. L'histoire n'aura pas donné tort aux détracteurs du Sommet, car par deux fois le gouvernement péquiste aura nié ce consensus, par deux fois il menaça de retirer des sommes promises.
La dernière fois remonte à cet automne lors de ce que nous conviendrons d'appeler "l'incident des 200 millions". C'est que le budget spécial rédigé par la Ministre Marois pour relancer l'économie à la suite du 11 septembre, budget qui se démarquait par des réinvestissements partout, oubliait toutefois le secteur de l'éducation. Ainsi, certaines sommes promises lors du SQJ, 200 millions, devaient ne plus être versées dans les temps prévus.
Certes, cet argent est nécessaire. 200 millions représentent un peu plus de 2 % du budget annuel de l'éducation. Mais c'est le prix que paye le gouvernement pour acheter le silence des étudiantes et des étudiants sur les réformes. Or, de l'argent, il n'y en a pas assez, la preuve : les établissements doivent gratter les fonds de tiroirs pour appliquer les "contrats de performances" "plans de réussite" etc.
Maintenant, Legault remet sur la table l'éventualité d'un dégel des frais de scolarité, tout en annonçant le projet d'une loi musclée pour imposer l'application des dernière réformes au collégial. Or, ces réformes sont toutes des mesures qui n'ont pour effet que d'assujettir l'éducation aux lois du marché. C'est-à-dire, à terme, la privatiser. Entre un dégel des frais de scolarité, et des réformes odieuses, le choix n'est pas très difficile : ni l'un, ni l'autre.
Parce que nous devons continuer de nous opposer à ces horribles perspectives pour l'éducation, parce que, pour une éducation gratuite, libre et de qualité il faut exiger un réinvestissement massif.
Manifestons le 21 février à Québec pour célébrer le triste anniversaire du Sommet du Québec et de la jeunesse.
Cette manifestation organisée par l'Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ) appelle toutes les étudiantes et tous les étudiants à venir marcher, chanter, crier pour l'accessibilité à l'éducation.
Philippe Coderre-Sévigny, collaboration spéciale
Devant initialement se tenir à Washington le 29 septembre, ce sommet du FMI et de la Banque mondiale prévoyait, à ce moment, " accueillir " quelques cent mille protestataires. Dans la foulée d'un mouvement grossissant à la mesure de mobilisation comme le Sommet des Amériques, l'information sur la mondialisation pénétrait de plus en plus une importante base sociale voire la population en générale.
Mais les attentats du 11 septembre modifièrent le calendrier et bien des choses. À une époque où l'attitude politique de la population se repliaient sur elle-même et que la tête n'était plus aux conséquences de la mondialisation, il était annoncé moins d'un mois à l'avance que le sommet allait être déplacé à Ottawa. Les militantes et les militants d'ici auraient donc à se mobiliser dans ce contexte un peu trouble et cet événement marquerait un étape dans la lutte contre la mondialisation des marchés. J'essaierai dans cet article de voir où tout ça en est.
Dans les circonstances (manque de temps, de préparation, ce n'était pas vraiment un événement médiatique) la participation aux manifestations d'Ottawa n'a pas été mauvaise soit quelques milliers de protestataire. Au niveau étudiant, les associations étudiantes membres de l'ASSÉ et quelques associations indépendantes se sont mobilisées en un contingent de quelques centaines de manifestantes et manifestants. Dans la foulée de Québec, les chiffres étaient bien, mais le mouvement a quelque peu changé…
L'attitude pour le moins agressive des " forces de l'ordre " n'est certainement pas étrangère à tout ça. Nous avions bien vu, cet été, que le mouvement dérangeait à ce point que la notion de droit démocratique à la protestation devenait pour le moins " flou ". Les sommets de Gotteborg (Union Européenne) et Gênes (G-8) avait constaté une escalade de la répression désormais systématique à toutes les manifestantes et tous les manifestants, à tous les types devrais-je ajouté. Le sommet d'Ottawa à l'échelle d'une plus petite rencontre allait aussi en ce sens. Il y eut moins de provocation directe de la police, mais l'intimidation qu'elle exerçait était autant systématique qu'anti-démocratique. On utilisa les chiens. Quelques-uns furent même lâchés. L'esprit de la manifestation ne pouvait que s'en ressentir.
Par contre, s'il est clair que tout ceci a joué, le mouvement a, je crois, tout de même des questions à se poser. Bien des médias, avec un parti pris et surtout une incompréhension qui leur sont propres et à tort plus qu'à raison, ont qualifié l'esprit de la protestation de passif. Si l'affirmation est réductrice et ne répond qu'à elle-même c'est-à-dire, avec ironie, que peu importerait qu'il y ait 5000 personnes et qu'ils et elles chantent des slogans radicaux contre la mondialisation si la manifestation est passive. Toujours est-il, par contre, que la cohésion a fait défaut. Quelque fois ont pouvait avoir l'impression que certains manifestants et certaines manifestantes pacifiques manifestaient contre les gens masqués et vice versa. Tout ceci me laisse l'impression que bien des personnes avaient une idée préconçue de ce que " devait " être la mobilisation contre le sommet. Quelque soit la meilleur façon de faire, il est nécessaire qu'elle rallie au nom de notre opposition à la mondialisation le plus de gens possible. Selon moi, une manifestation est utile d'abord et avant tout parce qu'elle est un moyen populaire et démocratique de créer un débat autour d'une question dont l'élite (médias, gouvernement, gens d'affaire, tous ceux et celles qui ont le pouvoir) ne traite pas ou peu. Le symbolisme de nos actions quelles qu'elles soient se doit donc d'être exprimé par le plus de gens possible et ces gens sont très probablement les militantes et militants des deux " camps ". Sinon nos actions sont condamnées à être présentée par TQS et ne rien vouloir dire. L'unité est nécessaire et c'est la seule façon avec laquelle nous pourrons recentrer le débat sur les conséquences, beaucoup plus honteuses, de la mondialisation de la pauvreté.
Dans la même veine, comparativement à la période précédant le Sommet des Amériques où la ZLÉA (et ses conséquences) avaient été décortiquée et expliquée très largement. L'information concernant le Fonds Monétaire Internationale, la Banque Mondiale et le G-20 circulait très peu. Bien évidemment, toutes ces organisations épousent la même logique et la mondialisation ne peut être comprise autrement que dans son ensemble. L'information concrète reste cependant primordiale pour que le mouvement se développe. Les conséquences de la mondialisation des marchés sont telles qu'on ne peu les réfuter bien longtemps. L'information se doit de circuler à la base. Le manque de temps a joué pour beaucoup en ce qui a trait à cette carence, mais il faut à tout prix ne pas garder cette mauvaise habitude.
En guise de conclusion, je dirai que le mouvement anti-mondialisation a certainement été touché par les attentats du 11 septembre. La mobilisation d'Ottawa s'en est probablement ressentie. Le mouvement a de la difficulté à retrouvé sa voix et sa place. La population probablement est un peu moins réceptive, mais en contre-partie, la lutte s'avère de plus en plus nécessaire à l'heure où le racisme et la militarisation permettent une arrogance encore plus forte envers le tiers-monde, à l'heure où la base même de notre droit démocratique à la dissidence est bafoué et que la façon de faire est explicitée publiquement sans susciter de débats plus qu'il n'en faut, à l'heure où la pauvreté est de plus en plus criante et que les moyens pour qu'elle touche les bas-fonds sont tout orchestrés. Il est nécessaire de ne pas s'apitoyer sur son sort et de ne pas oublier que peu importe quels sont les points forts ou les points faibles du mouvement présentement, peu importe de la façon dont il se structure, il reste qu'il dépend d'abord et avant tout de nos volontés toute simple à la base d'évincer la pauvreté et toute l'absurdité de ce monde. Ensuite tout le reste ne pourra que suivre…
Héloïse Moysan-Lapointe, étudiante à Maisonneuve
Il a souvent été affirmé que les plans de réussite et de diplomation étaient une sorte de large opération de marketing, pour redorer l'image du réseau collégial. C'est du moins ce que défendaient certains signataires de la déclaration finale du Sommet du Québec et de la Jeunesse, en Février 2000. La thèse était peut-être crédible à l'époque, mais à la lumière des deux dernières années, on constate qu'il n'en est rien. En fait, les plans de réussite et de diplomation s'inscrivent dans un calendrier bien établi, menant non pas à un réseau collégial fort, mais à un démantèlement de ce réseau.
Depuis plusieurs années, le ministère de l'éducation tente d'habiliter les institutions d'enseignement à émettre leur propre diplôme. L'habilitation aurait pour effet de placer les collèges en compétition les uns envers les autres. Compétition pour la meilleure clientèle, compétition pour le meilleur diplôme, etc… Plusieurs acteurs s'y opposent vertement : syndicats d'enseignants et d'enseignantes, collèges plus faibles, syndicats étudiants … Le projet est toujours remis à plus tard, mais jamais oublié. Lors de la conférence de presse annonçant l'abolition de la taxe à l'échec, il fut encore une fois annoncé que le projet d'habilitation des collèges serait mis en veilleuse. Encore une fois. Pourtant, l'évaluation institutionnelle, opération qui permettrait de juger un collège digne d'être habilité à émettre son diplôme ou non, demeure. Le lien entre plans de réussite et l'évaluation institutionnelle est bien simple, les indicateurs de performance utilisés dans les plans de réussite et de diplomation sont les mêmes que ceux qui seront pris en compte lors de l'évaluation institutionnelle. Bref, l'élaboration des plans de réussite et de diplomation est en fait une étape menant, ultimement, à un réseau d'éducation fonctionnant selon les lois de compétitions et de productivité. Il s'agit là d'une atteinte directe à l'accessibilité, à la qualité et à la gratuité de notre système d'éducation.
Sans tenir compte de ces projets à long terme, les plans de réussite ont pour effet de placer les institutions en compétition les unes faces aux autres, particulièrement en ce qui a trait à la clientèle. Afin d'augmenter leur taux de diplomation, les institutions ont avantage à obtenir une clientèle performante. Certains plans mettent littéralement en place des mesures permettant de refuser les d'élèves plus faibles, sous prétexte qu'ils n'ont pas les qualités nécessaires à l'obtention du diplôme. Quelle est donc la mission de l'école ? Diplomer le plus possible, ou permettre aux étudiantes et étudiants d'acquérir des connaissances et développer les capacités de réflexion ?
À plus grande échelle, force est de constater que les plans de réussite du ministre Legault sont bien plus qu'une simple manie d'ex-gestionnaire d'entreprise. La similarité entre les politiques du ministère de l'éducation québécois et les recommandations émises par l'Organisation de Coopération et de Développement Économique (OCDE) est flagrante, tant au niveau du discours que des moyens. Performance, efficacité, arrimage aux besoins du marché en termes de main-d'œuvre et de compétences, formation continue, les objectifs sont les mêmes. Quant aux plans du ministre, ils sont cités à travers le monde comme modèle à suivre.
Devant la situation, plusieurs groupes ont pris des positions allant à l'encontre du consensus du Sommet du Québec et de la Jeunesse. C'est évidement le cas de l'ASSÉ. Dans la lancée de la campagne contre l'assujettissement de l'éducation aux lois du marché, la remise en question des plans de réussite et de diplomation est essentielle.
Antoine Casgrain, étudiant en Histoire, culture et société à l’UQAM
Demandez à n'importe qui, incluant vous-même, comment il ferait pour améliorer la qua-lité de l'éducation; et la réponse sera d'améliorer l'école. Tout le monde est habitué de penser que c'est par l'institution scolaire que doivent s'échanger les connaissances, et peu importe quelle est l'opinion politique, que vous soyez libéral, communiste ou fasciste, le vocabulaire est le même : l'école est l'élément central de notre société.
Demandez cependant à Ivan Illich, et il vous répondra que l'école, en tant qu'institution, est elle-même la source de l'aliénation des humains des sociétés technologiques. C'est ce qu'il fait dans son livre Une société sans école qui, bien qu'écrit en 1970, garde toute son actualité.
Une société sans école est un plaidoyer contre l'instruction scolaire et pour une toute autre forme d'éducation. L'auteur s'en prend sans équivoque à ce qu'il appelle l'instruction et qu'il définit comme un programme obligatoire d'apprentissage par la consommation développé hiérarchiquement selon l'attribution de diplômes. Cette instruction justifie l'exploitation des plus faibles et la domination des plus forts, tout en favorisant la continuité du système de production capitaliste. Les raisons qu'il invoque pour en arriver à une telle conclusion sont les sui-vantes.
D'abord, Ivan Illich confronte tous ceux et toutes celles qui croient que l'école est un moyen efficace d'aider les populations pauvres à s'en sortir. Au contraire, elle est plutôt un outil de hiérarchisation de la société. Le modèle de l'école en échelon contribue à éliminer progressivement une bonne partie de la population du système éducatif. Ces derniers occuperont des emplois moins bien rémunérés et plus serviles, tandis que ceux et celles qui réussissent à finir le grand parcours de l'école deviendront les haut placés. C'est ainsi que l'école favorise, au lieu de l'amoindrir, la division sociale entre pauvres et riches, ingénieurs et ouvriers, dirigeants d'entreprise et employés. La grande majorité de ceux et celles qui atteignent les études supérieures, toutes les statistiques le confirment, sont des personnes issues de milieux économiquement favorisés.
Nous ne pouvons parler de l'école sans mentionner l'instruction obligatoire. Si cette dernière est considérée comme un "gain " important des mouvements sociaux, questionnons sa fonction coercitive, son emprisonnement de la jeunesse. Extirper à leur communauté tous les enfants de 5 ans à 16 ans pour les soumettre à un programme de conditionnement uniforme fabriqué par l'État, quelle est la véritable valeur de cette éducation.
Notre système d'éducation doit subir également une analyse sur le monopole du savoir. Qui détient le savoir ? Si la réponse pointe les enseignantes et enseignants universitaires, par exemple, comment peut-on justifier que leur savoir ne soit réservé qu'à une très faible minorité, disons moins de 10 % de la population. Les gens qu'on identifie comme " maîtres du savoir " ne sont accessibles que pour les grands consommateurs de connaissance, les diplômé-e-s. Les détenteur du savoir devraient plutôt faire des efforts pour se rendre accessibles à un autre auditoire que celui qui comprend leur langage hermétique.
Les écoles institutionnalisent une relation entre un consommateur et un fabricant du savoir. L'école publique, quant à elle, fait en sorte de créer plus de consommateurs-trices sans essayer de changer radicalement la manière de fabriquer le savoir. L'école reste une usine, la seule place où la connaissance est approuvée.
Il faut savoir revendiquer d'autres choses qu'un simple réinvestissement. Le débat entre 200 millions ou 3 milliards de dollars en éducation est inutile puisqu'il n'indique pas quel type d'éducation on veut. Notre mouvement étudiant n'est porteur d'aucun changement s'il veut accroître, et non pas abolir, le pouvoir de l'école actuelle. Le droit à l'éducation ne doit pas cacher un " droit à l'aliénation ". Nous devons entrevoir un nouveau rôle pour l'État : celui de garantir aux citoyen et citoyennes les possibi-lités pour qu'ils et elles puissent s'éduquer de manière autonome, et non par des programmes de bourrage de crâne.
Avec toutes les critiques que vous pourrez y faire, vous trouverez, dans Une société sans école, le début d'un long débat.
" Plus un être humain " consomme " d'éducation, plus il fait fructifier son avoir et s'élève dans la hiérarchie des capitalistes de la connaissance. L'éducation définit une nouvelle pyramide des classes, dans la mesure où les gros consommateurs de savoir peuvent ensuite prétendre rendre des services de valeur plus éminente à leur société. "
- Ivan Illich
Alexandre Marion, étudiant en Histoire à l’UQAM
Le 22 novembre dernier, un groupe d'étudiantes et d'étudiants de la région de Montréal ont répondu à l'appel de l'ASSÉ. Dans le cadre de la semaine nationale d'actions locales, le Conseil régional de Montréal, réunissant plus d'une dizaine de syndicats étudiants locaux, a organisé une occupation dans les bureaux du ministère de l'Industrie et du Commerce (section placement étudiant). Cette action avait pour revendications celles lancées par l'ASSÉ : Contre l'assujettissement de l'Éducation aux lois du marché ainsi que pour un réinvestissement massif menant à une Éducation gratuite, libre et de qualité. Il s'agissait donc de faire savoir à l'État que les étudiantes et les étudiants s'engagent dans une escalade des moyens de pression et qu'ils et elles n'ont pas peur de faire valoir leur droit à l'Éducation.
L'action...
Tout a commencé, le 22 novembre, par le rassemblement des participantes et participants au Carré Cabot vers 10h, pour grimper dans les autobus devant les mener au lieu d'occupation. Une imposante délégation policière était sur place, tentant d'intimider pour apprendre en primeur l'emplacement des bureaux qui seraient occupés. Ce n'est que peu avant midi que le groupe entre dans le bureau du ministère, pour s'y barricader à l'intérieur. Les employées et employés ont été mis-e-s au fait de l'action et prié-e-s de quitter les lieux. Une des employées décida en connaissance de cause de demeurer à l'intérieur de l'occupation, acceptant du même coup de signer une décharge dans laquelle elle affirmait être volontairement demeurée sur les lieux. Peu après l'arrivée du groupe étudiant, c'est l'escouade tactique du SPCUM (Service de police de la communauté urbaine de Montréal) qui arrivait. Pendant que les occupantes et occupants tenaient une réunion pour élaborer la déclaration d'occupation, quelques personnages tout de bleu vêtus testaient la solidité des barricades aux différentes portes d'entrée.
Une fois les lieux aménagés pour y loger de nombreux visiteurs et de nombreuses visiteuses non attendu-e-s, il fut convenu entre ces mêmes indésirables, qu'en cas d'intervention policière surprise, tous et toutes devaient se réfugier à l'intérieur de la pièce centrale : le centre de documentation du ministère. C'est alors que le dialogue avec le monde extérieur s'entame, dans une atmosphère toutefois quelque peu tendue... Plusieurs groupes du corps policier n'ont pas tardé à forcer les entrées. Rappelons que, selon la loi, les occupantes et occupants d'un espace public (comme un ministère) ne sont en infraction que lorsqu'on les somme de quitter les lieux. Cette demande est habituellement transmise par voie d'avis d'éviction, oral ou écrit. Or, celle-ci n'a jamais été transmise lors de l'occupation du 22 novembre, malgré les tentatives de la part des occupantes et occupants d'entrer en communication avec l'État ou la police.
La réaction...
C'est donc en déclinant toute les offres de dialogues que les pantins de l'ordre ont défoncé les portes comme les chaînes pour venir cueillir les vilain-e-s activistes. Pendant ce temps, comme convenu, les étudiantes et étudiants se sont rabattu-e-s sur la bibliothèque au centre des bureaux. Par les grandes baies vitrées, ils et elles ont pu admirer dans toute sa splendeur l'escouade anti-émeute la plus spécialisée (casques noirs) qui envahissait le local qui était leur quelques minutes auparavant. Ils et elles ont aussi assisté au déploiement de la technologie guerrière du SPCUM, qui agitait bélier, matraque, poivre de cayenne, boucliers et autres merveilles des forces de la réaction. Bien que quelques étudiants et étudiantes retenaient les portes, les policiers enfonçaient à coup de bélier la porte avec l'enthousiasme sportif du chasseur-cueilleur. Lorsque l'ouverture fut assez importante pour la maintenir avec une matraque, les policiers ont aspergé de gaz-poivre avec grand plaisir les personnes retenant la porte à tour de rôle. Après quelques longues minutes, l'atmosphère était insoutenable et les étudiantes et étudiants ont dû lâcher prise. C'est à ce moment que plusieurs individus ressemblant plus à Robocop qu'à des gendarmes ont fait leur apparition dans la pièce. Les étudiantes et étudiants se sont faits entassé-e-s et asseoir dans un espace où ils jouissaient de moins d'un pied cube par tête. Après la mise en arrestation, au lieu de la lecture des droits, ils et elles ont plutôt eu droit aux menaces et à l'augmentation de poivre de cayenne dans l'air ambiant.
Cette détention sur les lieux de l'occupation a duré près d'une heure, sans jamais faire place aux chefs d'accusation ou à la lecture des droits. Les personnes étant entassées en périphérie, donc près de la flicaille, ont eu leur lot de coups (pieds, poings et matraque), tandis que ceux et celles souffrant d'asthme tentaient désespérément de trouver un peu d'air dans ce nuage de poivre. Il va sans dire que ce triste spectacle s'est déroulé devant les yeux amusés de ceux dont la devise est "servir et protéger". Ces mêmes policiers ont refusé à plusieurs reprises de s'identifier, comme le prévoit la loi, ne répondant que par jets successifs de poivre de cayenne dans l'air.
C'est finalement personne par personne qu'ils se décidèrent à sortir les étudiantes et étudiants des lieux contaminés. Ensuite, ils les ont fait passer tour à tour devant la caméra du SPCUM pour l'identification : nom, prénom, adresse, numéro de téléphone et date de naissance. Après leur minute de gloire devant les projecteurs, les militantes et militants de l'ASSÉ ont été relâché-e-s sans aucune charge. Le pouvoir et leurs pantins ont eu ce qu'ils voulaient, c'est-à-dire la fiche personnalisée des individus présents. D'ailleurs, avec la législation anti-terroriste qui est le signe de la paranoïa occidentale actuelle, il est peu rassurant pour un militante ou une militante d'avoir sa photo dans l'album du SPCUM...
Société Générale des Étudiants et Étudiantes du Collège de Maisonneuve
Alors que, dans le collège de Maisonneuve, s'intensifie la présence du privé, les étudiantes mécontentes et les étudiants mécontents comptent bien faire reculer ce monstre qu'est l'entreprise privée dans leur cégep. Comme dans nombre d'autres lieux d'enseignement, la cafétéria est gérée par des concessionnaires qui louent des locaux au Collège. Bien sûr, l'entreprise fait en sorte d'être seule en contrôle de l'alimentation sur les lieux, cela par le biais d'une clause d'exclusivité au contrat avec le collège; contrat auquel les étudiants et étudiantes ne peuvent avoir accès qu'en infime partie et seulement suite à de nombreuses pressions. Ce manège lui permet d'imposer aux étudiants et étudiantes des tarifs exorbitants pour une nourriture plus ou moins comestible. D'ailleurs, l'exclusivité nuit aux activités de financement des groupes étudiants, qui doivent respecter un certain nombre de conditions lorsqu'elles impliquent la vente de nourriture. Elle empêche aussi la création de coopérative alimentaire ou de café étudiant géré par les étudiantes et étudiants. Toute initiative à propos de la nourriture est réprimée; il ne nous est pas permis de s'organiser afin de se nourrir sans s'appauvrir. Il est plutôt désagréable de se voir envahir jusque dans notre intimité par de la publicité. En fait, ces images qui ornent les cabines de toilette et polluent notre univers visuel sont un raccourci pour l'entreprise privée vers le système d'éducation. Aujourd'hui, elles sont dans les toilettes, demain, elles seront dans nos salles de classe. Maintenant, elles détournent nos pensées vers leurs produits, plus tard, elles contrôleront le contenu de nos cours. Offensé-e-s par cette présence de publicité dans les toilettes et par ce qu'elle symbolise, des étudiants et des étudiantes ont décidé de la retirer. Mais ce geste politique s'est vu puni par l'administration qui va jusqu'à suspendre les étudiantes et étudiants contestataires ou interdire l'accès au Collège aux militantes et militants qu'elle coince, même sans preuve concluante.
Les étudiants et les étudiantes du Collège de Maisonneuve entreront, cette session, dans un ardu combat contre cette envahissement progressif de l'éducation par le privé. On peut constater localement ses effets pernicieux et deviner que pire viendra si personne ne bouge. Il faut donc se mobiliser contre les entreprises qui mènent nos administrations et exiger un financement public adéquat à tous les niveaux d'enseignements.
L’exécutif des services collectifs du cégep de Sainte-Foy
Suite à deux sessions en grande partie consacrées à des dossiers nationaux ( lutte pour l'abolition de la taxe à l'échec, mobilisation contre le Sommet des Amériques et la ZLÉA …) l'Association étudiante du Cégep de Sainte-Foy, les Services Collectifs pour les intimes, entreprend cette année de nombreuses luttes locales. La présence d'une multinationales, Aramark, comme principal distributeur alimentaire à l'intérieur du cégep, provoque de vives réactions. En effet, le contrat signé avec la direction est tenu confidentiel et Aramark impose une politique de prix unique obligeant le fameux café Wazo à augmenter ses prix de ventes lorsque Aramark le fait. Cet automne, c'est par une augmentation de 15 % sur plusieurs items que Aramark souhaitait la bienvenue aux étudiantes et étudiants. Face à cette situation, un comité s'est mis en place pour travailler à l'élaboration d'une alternative à la présente cafétéria et au café étudiant qui n'en est pas un. De plus, la lutte contre toute forme de publicité d'entreprises privées à l'intérieur du cégep se poursuit et s'intensifie, d'autant plus qu'un mandat de l'Assemblée générale vient légitimer les démarches déjà entreprises.
Au moment d'écrire ces lignes, un séminaire-femme qui servira de base pour la formation d'un comité-femme au sein de l'asso. est en préparation. Durant une fin de semaine complète, une foule de formations portant sur des sujets reliés à la cause femme seront offertes gratuitement dans les décors enchanteurs du Cap Tourmente.
Mis à part ces dossiers, nous travaillons notamment sur : les plans de réussite, l'abolition des intérêts imposés par la direction sur les comptes impayés de taxe à l'échec, la négociation de nouveaux règlements sur l'affichage plus avantageux pour nos comités, une campagne d'information sur la loi anti-terroriste et la préparation d'une semaine environnementale incluant de nombreux débats, conférences et actions écologiques.
Association Étudiante du Cégep de Saint-Laurent
L'AECSL (Association Étudiante du Cégep de Saint-Laurent) a récemment subi un choc culturel… Eh bien oui, nous avons été intégré-e-s à Montréal!!! (Une île, une ville!)
L'AECSL compte quelque 2400 membres et quelque 40 MORS (Module, Organisme, Regroupement et Services), c'est-à-dire des étudiantes et des étudiants réuni-e-s autour de points communs : programmes, culture, intérêts, projets, etc. Les services offerts sont totalement autogérés par l'association étudiante (deux cafés étudiants, une librairie et un service de permanences assurés par des étudiantes et des étudiants). Malgré une direction très rigide envers les causes étudiantes et un nombre d'étudiantes et d'étudiants en chute libre, l'AECSL, encore et toujours syndicat de combat, est entrée de plein pied dans la lutte de l'ASSÉ. Depuis la forte mobilisation pour Québec en avril dernier, les étudiantes et les étudiants du cégep sont grandement conscientisé-e-s au sujet de la mondialisation des marchés. Ainsi, les revendications de l'ASSÉ ont été adoptées d'emblée. La privatisation est directement présente chez nous depuis les récentes ententes de partenariat entre le cégep et des compagnies telles Bell, Nortel, Téléglobe, Nordix CDT et la défunte ville de Saint-Laurent. Cette ingérence du privé dans l'éducation affecte et préoccupe nos militants et militantes.
Association étudiante du cégep de Matane
La situation de vie au Cégep de Matane est assez particulière. Cependant, peu importe dans quelle institution d'enseignement au Québec ou partout ailleurs dans le monde où l'on se retrouve, il y aura toujours certains points plus négatifs que d'autres. Premièrement, nous avons la chance d'être un petit Cégep comptant 612 étudiants et étudiantes. Le côté optimiste de la chose est que l'enseignement qui nous est offert mérite une bonne main d'applaudissement. À l'envers de la médaille, on se retrouve avec des techniques ayant une vingtaine d'étudiants et étudiantes. C'est merveilleux pour nous, étudiantes et étudiants, ainsi que professeur-e-s, mais l'administration elle est plutôt triste de constater que le Cégep de Matane a diminué de moitié depuis huit ans. Hé oui! Comme dans n'importe quelle région éloignée on remarque la problématique exponentielle de l'exode des jeunes. Nous, à Matane, bien que nous ayons une technique en photographie, une technique en multimédia ( le tout pour un total de treize programmes ), nous prenons conscience que les A.E.C. commencent à prendre beaucoup de place. Voilà un bref résumé de la vie collégiale à Matane.
Association Générale des Étudiants du Cégep de Rivière-du-Loup
Cette année, les différents collèges du Québec ont vu l'abolition de la taxe à l'échec grâce aux différentes actions accomplies par les associations étudiantes. Les collèges ont à présent la responsabilité de trouver des alternatives pour inciter les étudiants et étudiantes à la réussite. Une de ces alternatives proposées par M. Legault est l'augmentation de l'encadrement pour la population étudiante. Ce moyen est très efficace, du moment qu'il est respecté. Une augmentation de l'encadrement amène naturellement une augmentation du corps professoral. Ce que le collège de Rivière-du-Loup n'a pas encore compris. En effet , l'A.G.E.C.R.L.I. a fait la découverte d'un certain manquement à cette alternative. Il y a une baisse de la population étudiante de 100 personnes par année au collège, et l'administration se voit dans l'obligation de couper certains postes pour ne pas tomber en " déficit ". Les coupures ont eu lieu majoritairement dans le département de français. Trois professeur-e-s précaires ont perdu leur emploi à la fin de la dernière session et l'encadrement, qui occupait de 1 à 6 heures à l'horaire des professeur-e-s, a été diminué à 0, sans compter qu'ils payent un ou une professeur-e précaire au salaire d'un technicien ou d'une technicienne lorsque celui-ci ou celle-ci travaille au centre d'aide linguistique (C.A.L.). C'est de là que vient la contradiction avec la nouvelle alternative à la taxe à l'échec. L'administration du collège a utilisé une bonne tactique pour faire croire au ministère de l'éducation qu'elle respecte le plan de réussite exigé, puisqu'elle a mis tout l'argent dans la même session. Ce qui veut dire qu'à la session d'automne, l'encadrement en français a été très efficace. Le nombre d'étudiants et d'étudiantes à l'intérieur des groupes de français 1 ne dépassait pas 25 et tous les professeur-e-s avaient des heures libérées sur leur horaire. Pour ce qui est de la présente session, les coupures obligeront les étudiants et les étudiantes à s'auto-suffire Mais tout le monde sait qu'à la session d'hiver, toute la population étudiante a un regain d'énergie et n'a nullement besoin d'encadrement. C'est une évidence…
L'association étudiante a fait une demande, en novembre dernier, en vue d'obtenir le rapport financier du plan de réussite. Il serait important pour l'association de connaître les bons investissement fait par le collège en cette matière. Bien que le cégep de Rivière-du-Loup vise sur la transparence, nous sommes encore à la recherche de ce plan qui, selon lui, n'a pas encore été édité (même si nous savons que ce fameux rapport repose en paix sur le charmant photocopieur de Mme. Vézina, la directrice aux affaires étudiantes). A.G.E. vs Plan de réussite; un dossier à suivre…
Mathieu Savard, étudiant en Sciences humaines au Vieux-Montréal
C'est lors d'un congrès de la Fédération Étudiante Collégiale du Québec (FECQ) au cégep Edouard-Montpetit, les premier et deux décembre derniers, qu'est née une coalition regroupant cette fédération ainsi que treize autres assos collégiales indépendantes. Cette coalition a pris vie en réaction au fait que le gouvernement péquiste ne respecterait pas intégralement ses promesses issues du consensus du Sommet du Québec et de la Jeunesse (SQJ) qui a eu lieu en février 2000. Les 200 millions en éducation pour 2002-2003 (après des coupures de 1,9 milliard) auraient été étalés sur une période un peu plus longue que prévu.
C'est dans cette optique que, durant cette fin de semaine, la coalition est arrivée avec une déclaration commune dénonçant la mauvaise fois du gouvernement lors du SQJ, et reconnaisse que ce consensus était trop peu (pourtant la FECQ avait signé ce consensus). Un plan d'action, avec manifestations et désobéissance civile, a même été mis sur pied afin de faire respecter les "acquis" du SQJ.
Il est évident que personne ne s'oppose a un réinvestissement en éducation. Bon alors, où est le problème?
Le problème se trouve dans le fait qu'en exigeant le respect du consensus du SQJ on se rallie à ce dernier, donc aux réformes qui en sont sorties, tels les plans de réussite et les contrats de performance (lire les acadégamiques pour plus d'information). Lors de cette campagne, la coalition ne s'est concentrée que sur l'aspect financier de la lutte oubliant totalement l'aspect politique et passant sous silence les réformes.
Le treize décembre, le Premier ministre Landry annonçait que les promesses du SQJ allaient être respectées. Si nous faisons un petit calcul rapide, cette lutte nationale n'aura duré que onze jours. Pourtant, je doute que cette coalition ait été si efficace. L'argent sera investi, mais, outre la visibilité médiatique, à quoi bon cette victoire s'il sert à implanter les réformes.
Certaines et certains seraient porté-e-s à croire qu'il ne s'agissait que d'une campagne d'image et que cette lutte fut montée de toutes pièces. La coalition a eu gain de cause en si peu de temps et en organisant que des petites actions qui furent pour la plupart des échecs lamentables. Uniquement le Vieux-Montréal a réussi a se mobiliser de manière significative (à l'image de cette campagne). Cette conclusion est peut-être un peu facile, mais seules les fédérations (FECQ et FEUQ) et le parti québécois (PQ), tous deux en perte de vitesse, semblent sortir victorieux de cette histoire. Maintenant que cette fausse lutte est terminée, nous devons nous assurer que tous et toutes comprennent les enjeux des réformes, et sur cette base, passer à l'offensive au niveau national.
David Pepin, étudiant en études littéraires à l’UQAM
C'est avec une certaine horreur que nous apprenions à la une du journal Le Devoir du 16 janvier 2002 que le ministre Legault songeait à un possible dégel des frais de scolarité à l'université. Nous apprenions également, dans un autre article du Devoir, que des fonctionnaires travaillent actuellement à l'élaboration d'un projet de loi qui permettrait au ministre d'employer certaines mesures (sous-entendons coercitives) pour forcer les établissements d'enseignement à se plier aux exigences contenues dans les plans de réussite et diplomation. Les détails d'une telle loi n'ont pas été dévoilés, mais on peut imaginer le pire, à savoir la mise en tutelle sous menace de fermeture.
Sur la question du dégel des frais de scolarité, le ministre se fait discret, se contentant de mentionner qu'on doit en faire un " débat public ". Ce dégel se ferait si le PQ obtenait un troisième mandat à la tête du gouvernement du Québec (évidemment, le faire avant serait mauvais dans le cadre d'une campagne électorale...). Cependant, si le gouvernement actuel commence à en discuter, force est de constater que, peu importe quel sera le parti au pouvoir après les prochaines élections, le dégel risque d'être effectif et de faire mal. En clair, on peut s'y attendre d'ici un an, environ. Il faut agir maintenant, démontrer clairement notre désaccord.
Dans cette sortie de M. Legault, on peut voir une tentative de focaliser l'attention des étudiantes et étudiants sur la question des frais de scolarité et écarter ainsi l'opposition aux réformes néolibérales. Rappelons-nous qu'à la dernière tentative de dégel des frais de scolarité (1996), certaines organisations ont négocié la mise en place de la taxe à l'échec en échange du maintien du gel. Cette situation ne doit pas se reproduire. Ne nous laissons pas duper par cette stratégie. Combattons le dégel comme les réformes néolibérales, et restons à l'affût pour ne pas se laisser filer sous le nez des mesures inacceptable. Une histoire à suivre de près...
Jérémie Duhamel, étudiant en Science politique à l’UQAM
L'équation stratégique sur laquelle repose notre activité doit être réévaluée. Le visage de l'idéologie dominante a évolué, l'ardeur des mouvements qui s'y opposent aussi. Les semences fournies par une mobilisation populaire massive en avril dernier sont demeurées sous terre. Les conditions matérielles n'ont pas été réunies depuis pour souhaiter l'éclosion d'un mouvement social durable. Au demeurant, notre démarche ne doit pas souhaiter un retour en arrière, mais bien travailler à fournir et étendre l'outillage et l'armement intellectuels aux êtres modestes qui font l'histoire. Sur l'échiquier politique mondial, l'agir humain est dominé par un unilatéralisme néolibéral forcené. Aujourd'hui, comme jamais, une force traverse et conditionne notre entendement. Les événements du 11 septembre ont touché l'imaginaire collectif. Le déploiement d'un arsenal médiatique sans précédent a permis d'identifier les mécanismes d'exacerbation de la terreur et de drainage de la solidarité populaire qui soutiennent l'objectif de légitimation de l'explosion du complexe politico-militaire américain et de la rectitude politique qui s'y rattache. Sans tambours ni trompettes, les étapes menant à la mondialisation des marchés ont été franchies. Sans heurts ni ambages, les conséquences directes de ces mesures répressives s'appliquent. En éducation particulièrement, les facteurs se sont consolidés pour que les éléments du Plan Legault voient le jour.
Le silence et le calme plat devant l'obus
Les applications directes du néolibéralisme en éducation sont bien réelles. Pourtant biens visibles, ces mécanismes s'instituent sans trop d'opposition. À quoi devons-nous l'absence d'inquiétude devant les mesures qui s'appliquent au système d'éducation québécois?
Dès sa naissance (février 2001) l'ASSÉ comptait s'attaquer aux réformes néolibérales en éducation. Depuis, la lutte se heurte à des conditions matérielles qui complexifient la tâche de l'organisation. La finalité de la lutte aux réformes ne doit pas être remise en question. Toutefois, le peu de réceptivité et d'enthousiasme rencontrés lorsqu'une telle problématique est soulevée me pousse à croire qu'une réflexion quant aux méthodes employées s'impose. La conscientisation sera d'autant plus difficile qu'un des appareils idéologiques, l’éducation, est appelé, avec les dernières réformes, à s'opposer à tout projet émancipateur. Instrumentalisée par l'idéologie dominante, l'école détient un pouvoir dévastateur. Notre apprentissage en milieu scolaire est plus que jamais déterminé par la classe dominante. Ainsi subordonnée, l'école mo-dèle et conditionne plus qu'elle n'éduque. Aux appareils idéologiques traditionnels (écoles, mass-média), nous devons ajouter la part déterminante jouée par une certaine élite étudiante dans l'application des mesures draconiennes en éducation. Prisée par la classe qui domine, celle-ci est appelée à jouer un rôle déterminant dans l'application des politiques marchandes. L'illusion de la démocratie au Québec exige que les politiques mises de l'avant par l'État prennent appui sur des organes domestiqués de la société civile
L'école d'aujourd'hui s'affirme comme un pôle indistinct du libéralisme économique. Le réseau d'éducation, comme tout autre service converti aux préceptes libre-échangistes, doit se plier aux exigences du Marché. À toute fin pratique, les potentialités de l'école s'apprêtent selon une vieille recette marchande : ouvrons et déréglementons le réseau afin que les agents favorables au capital s'introduisent et s'émancipent. Tandis que le clientélisme et la technocratie séduisent les gestionnaires de la réussite et de la diplomation, la formation est dictée par le futur employeur et définie selon ses besoins. Une chose est certaine : le néolibéralisme s'intéresse à nous.
Notre inconscient collectif a été taché et appauvri par un construit social mythico-économique qui commande la division et le silence. Pour répondre à des " pourquoi tant d'inégalités? " et des "pourquoi tant d'hypocrisie? ", le capitalisme est guide de ce qu'on appelle la nouvelle " nature de l'homme ". Plutôt que de partager des outils et des ressources favorables au plein développement de l'être humain, l'école, en spécialisant et en entretenant le caractère utilitariste de la formation, le dépouille de son potentiel afin d'en faire un combustible pour la machine économique.
La minorité combative isolée : une question d'attitude?
Contre son gré, la minorité qui milite pour le respect de l'humain ou pour une éducation gratuite est victime de sévices divers. Partout, on la discrédite et l'infantilise en lui collant les pires qualificatifs. De loin, on la prend pour une avant-garde paranoïaque, de derrière on la soupçonne de fomenter avec le diable.
D'une grille d'analyse à l'autre, la minorité combative se reconnaît généralement bien à l'ombre des territoires fétiches. Doit-elle s'y complaire? Qu'elle soit éclairée ou sans présomption, la lucidité doit être unifiée pour une meilleure étanchéité de son pouvoir mobilisateur. Au miroir, rien ne devrait apparaître. Sans l'accompagnement de l'autre au sein duquel se socialise tout exercice rationnel, notre marche est vaine et sans issue. Inventer la militance sous sa plume n'équivaut à rien sans un exercice concerté avec les masses. Les comprendre et travailler pour elles implique une réflexion constante avec elles. La lutte pour le renversement ne sera jamais un pôle culturel satisfaisant.
Nous sommes pour un respect multilatéral. Dépouillons notre langage des mots vils et bouchonnés qui traduisent mal notre volonté de voir enfin l'humain et la nature au centre de toute avancée. Pour se sortir du repli et de la complaisance dans la défaite, agissons sur les domaines de re-connaissance humaine. À cette fin, l'activité culturelle consciente peut prévenir devant l'individualisme qui accompagne le triomphe du mensonge. Favorisons l'organisation originale et multiple dans la lutte au profit d'une plus grande authenticité des méthodes!
Pendant que les compagnies en profitent
Le Comité Femmes de l’ASSÉ
Rares sont les personnes qui en entendant le mot menstruation n'ont pas une image de saleté, d'impureté voire même de dégoût. Le seul moment où l'on aborde ce sujet, c'est lorsque vient le temps des éternelles farces de mauvais goût sur les femmes et leur syndrome prémenstruel. De nos jours, les femmes ne sont plus physiquement mises à l'écart mais par ce dédain généralisé, nous sommes carrément poussées à cacher cette manifestation naturelle du corps de la femme, faire comme si les menstruations, sous prétexte qu'elles ne sont pas bleu popsicle comme le liquide des annonces publicitaires , sont indignes d'attention. Pour nous aider à rendre nos règles quasi invisibles, Proctor & Gamble (qui détient 55% du marché et qui est responsable de la mort de plusieurs femmes des suites du syndrome de choc toxique) et Kimberly-Clark, rivalisent d'ingéniosité pour commercialiser des produits menstruels toujours plus petits et plus efficaces.
En ce qui concerne le prix des produits menstruels, on estime qu'une femme utilise approximativement 215 tampons et/ou serviettes hygiéniques par année durant 30 ans. Considérant ces moyennes, c'est entre 2 400 et 3 000 $ par année que nous donnons aux compagnies pour qu'elles soient dans nos culottes! Parce que ces produits ne sont pas stérilisés, les gouvernements considèrent que ce sont des produits de luxe et ajoutent une taxe d'achat au prix de vente lui-même imposant; en effet, et malgré ce que l'on veut bien nous faire croire, "plus blanc que blanc" ne veut pas nécessairement dire parfaitement propre, et comme aucun gouvernement n'a encore légiféré à ce sujet, les compagnies ont carte blanche pour mettre en tablette des produits susceptibles de nuire à la santé de leur utilisatrices.
Pire encore, les produits d'hygiène féminine (!) commerciaux contiennent des traces de dioxine. Ce composé organochlorique est hautement toxique pour l'être humain. La dioxine profite de la très haute capacité d'absorption de la paroi vaginale en période menstruelle pour s'incruster dans les tissus adipeux de notre organisme et ne plus jamais en sortir. Les organochlorés sont en relation directe avec l'augmentation des risques de cancer du sein, de cancer du col de l'utérus, d'endométriose, d'infections vaginales chroniques (parce que la Super Absorption des tampons déséquilibre le pH naturel du vagin en absorbant près de 90% des sécrétions autres que le sang), d'affaiblissement du système immunitaire, de maux de tête fréquents et même de malformations congénitales. Pour se débarrasser de tous les problèmes de santé reliés à leurs produits, les compagnies rejettent le blâme du syndrome du choc toxique (SCT), non pas sur la composition de leur produit, mais sur la mauvaise utilisation que nous en faisons!! En réalité, le développement de la bactérie responsable du SCT (le Staphylococcus aureaus) est possible grâce aux composés synthétiques (comme la rayonne) utilisés pour rendre l'absorption toujours plus absorbante! La bactérie libère une toxine dans le sang de laquelle résulte de la fièvre, une réaction cutanée ainsi que des étourdissements. Aux États-Unis, depuis les années 80, 50 femmes sont mortes du SCT et plus de 1 000 ont été touchées par la maladie. 50 femmes tuées parce qu'elles étaient menstruées méritent qu'on réfléchissent un peu à ce que l'on porte pour, paradoxalement, nous protéger!
Bien que le marché de l'hygiène féminine aille bon train, il existe des moyens alternatifs naturels pour les menstruations.
L'éponge de mer naturelle est une des alternatives les plus utilisées. D'une durée de vie de 3 à 6 mois, elle ne contient aucune fibre synthétique ou organochlorique. Il existe aussi des tampons fait de coton naturel. Ils sont tous les deux disponibles dans la plupart des magasins d'aliments naturels.
Le keeper est une coupe menstruelle ré-utilisable en caoutchouc naturel. Porté à l'intérieur du vagin, il tient en place par une légère succion contre les parois vaginales. Il suffit de briser cette succion pour le retirer et le rincer. D'une durée de vie de 10 ans il est écologique, pratique et vraiment économique! Il est aussi possible d'utiliser des serviettes de coton réutilisables qui sont conçues et distribuées entre autres par le groupe Blood Sisters, groupe qui distribue aussi le Keeper.
En tant que femme, il est important de savoir ce que les grandes compagnies font lorsqu'elles sont en contact avec nos vagins. Prendre le contrôle de nos corps inclus prendre contrôle de nos menstruations; informez-vous, il existe des moyens alternatifs pour nous toutes!
Sources :
Zone Rouge/Blood Sisters, zonerouge@bloodsisters.org
Tel.: (514) 273-3933
ÉCO LOGIQUE INC.
(groupe de femmes spécialisées en produits menstruels environnementaux)
Tel. : 1-800-680-9739
OUVRAGES DE RÉFÉRENCE À CARACTÈRE HISTORIQUE
1. Le Collectif clio, L'histoire des femmes au Québec, depuis quatre siècles. (moins avancé-e-s)
2. Bettina Bradbury, Familles ouvrières à Montréal. Âge, genre et survie quotidienne pendant la phase d'industrialisation. (moins avancé-e-s)
3. Barbara Ehrenreich et Deirdre English, Sorcière, sages-femmes et infirmières. Une histoire des femmes et de la médecine. (moins avancé-e-s) Faible au niveau de l’analyse mais très bien documenté.
4. Sheila Rowbotham, Féminisme et révolution. (plus avancé-e-s)
OUVRAGES D'ANALYSES FÉMINISTES
1. Évelyne Tardy, "Regard critique de militantes sur des organisations syndicales et politiques"dans Prendre sa place! Les femmes dans l'univers organisationnel. (moins avancé-e-s)
2. Benoîte Groulx, Cette mâle assurance. (moins avancé-e-s)
3. Paola Tabet, La construction sociale de l'inégalité des sexes. Des outils et des corps. (plus avancé-e-s)
4. Colette Guillaumin, "Pratique du pouvoir et idée de Nature. L'appropriation des femmes" dans Questions féministes. (plus avancé-e-s, ESSENTIEL)
Martin Rose, étudiant à l’UQAM
Au cours des années soixante, un courant artistique appelé " La nouvelle vague Française " connaît son apogée. La nouvelle vague avait pour but de briser les lois du cinéma hollywoodien, exerçant une normalisation de la majorité de la production cinématographique. Les réalisateurs de la nouvelle vague (Godard, Truffaut, Resnais, etc.) cherchaient à ramené le cinéma à une réelle forme d'art. Le contexte socio-politique, ainsi que les récentes caméras vidéo compactes créées, ironiquement, pour filmé les tactiques de guerre au front durant la guerre de 39-45, leurs permirent de tourner des films avec peu d'équipement ainsi qu'à l'extérieur avec pour seul éclairage celui de Galarneau. Donc avec peu de budget créer un film à leur goût, sans les contraintes, jusqu'à ce jour inévitables, des producteurs leur fournissant le capital nécessaire. En effet, au diapason de la jeune génération exigeant des changements drastique au sain de la société, les réalisateur " nouveaux " développèrent un montage rapide et brisant avec la continuité léchée et traditionnelle ( pour ne pas dire réactionnaire, le changement signifiant un danger à proscrire). Des scénarios existentialistes au montage " essoufflé ", en passant par des contrastes lumineux à couper le souffle ou des adresses à la caméra, les réalisateurs vous forçaient à regarder leur film comme l'on regarde une toile. Et plus encore, ils vous forçaient à vous poser des questions en vous provocant ou simplement en démontrant leur propre vision de la vie, de la société.
De tout ce courant, majoritairement français, un des rares pays répondant à cet appel artistique fut le Canada, plus précisément les réalisateurs québécois. Nous pouvions compter parmi ces réalisateurs " nouveaux " ;Claude Jutra, Mireille Dansereau, Jean Pierre Lefebvre et plus particulièrement Gilles Groulx.
Issu d'une famille modeste de quatorze enfant, Groulx alla étudier à l'école des Beaux-Arts de Montréal ou il adhère au mouvement automatiste de Borduas. Il réalise alors quelques films amateur en 8mm et des documentaires pour la Société Radio-Canada, ce qui lui permettra, par la suite, de réaliser pour l'ONF.
Groulx devient rapidement un des fondateurs de la nouvelle vague et du cinéma direct. Pour lui, le cinéma est un moyen de réflexion, un miroir de la vie quotidienne. Il désire faire du cinéma un outil de science et de conscience en dénonçant l'aliénation contemporaine et la répression politique. C'est un accident d'auto, en 1981, qui l'isolera du monde cinématographique jusqu'à sa mort en 1994.
Malgré une pléthore de films tous aussi intéressants les uns que les autres, j'ai choisi, pour cette première chronique artistique à paraître dans L'Ultimatum, de vous conseiller " Un Chat dans le Sac " de ce réalisateur Québécois. Le " Chat dans le sac " nous raconte l'histoire de deux jeunes Montréalais un certain hiver de 1964. Claude, un jeune Québécois francophone, prend conscience des problèmes de la société et s'interroge sur son avenir ainsi que l'avenir de la jeune génération québécoise. Cherchant à exprimer ses peurs et ses visions politiques à travers le journalisme, il découvre la monopolisation de l'information et la censure faite par les médias. À travers ses inquiétudes, il perd tout intérêt envers sa copine, Barbara, une jeune comédienne anglophone juive issue d'un milieu bourgeois qui ne s'intéresse visiblement pas plus à la politique qu'il ne s'intéresse à ce à quoi elle tient.
Combinant un montage rapide reflétant le rythme des pensées du jeune québécois avec la beauté recherchée par une génération désirant vivre plus que tout, incarné par la maîtrise des contrastes dignes du plus grand photographe, Groulx réussit à nous représenter la quête à la fois confuse et précise d'un jeune adulte à la veille de la révolution tranquille. Mélange de fiction et de documentaire direct, les personnages magnifiquement interprétés nous font part de leur craintes et de leur désirs. Sans oublier une musique signée John Coltrane, le plus grand saxophoniste jazz de l'histoire, représentant tout aussi bien la complexifiante confusion à travers la recherche de la magnificence.
David Pepin,, étudiant en Études littéraires à l’UQAM
Depuis plusieurs semaines, on entend parler des lois anti-terroristes (C-36- et C-42) proposées par la ministre fédérale de la justice, Anne McLellan (maintenant mi-nistre de la santé). Autant dans les médias officiels que dans les médias alternatifs, on a pu dégager les éléments principaux de ces lois. Mais au-delà des textes de justice, quel pourrait être l'impact de telles lois sur le mouvement étudiant, sur les mouvements de contestation et sur l'ensemble des considérations démocratiques?
Un changement judiciaire majeur
On assiste depuis quelques années à une recrudescence des abus policiers et policières et de l'intimidation perpétrée envers les opposants et opposantes au système politique actuel. Cependant, les lois canadiennes, en théorie, ne permettaient pas d'institutionnaliser ces pratiques. Certes, dans la pratique, l'emprisonnement sans motif valable, les fouilles abusives et l'intimidation faits aux activistes n'ont pas été souvent punis. Mais il reste que ces " écarts de conduite " de la part des forces de l'ordre n'étaient pas approuvés par la justice. Tout ceci, avec les lois anti-terroristes, est en train de se modifier. Pour des raisons de " sécurité ", on institutionnalise les abus policiers. La définition retenue pour désigner ce qu'est un acte terroriste laisse perplexe : est terroriste tout acte " illégal " commis pour des motifs idéologiques, religieux ou politique. Selon cette définition, une occupation d'un bureau, ou une manifestation qui tourne au vinaigre, peut être qualifiée d'acte terroriste. Dans cette optique, il est clair que les autorités fédérales pourront abuser des ces lois pour réprimer les contestations, écraser les actes " subversifs ".
Les bases d'un État policier
Avec de telles dispositions, l'État met tout en place pour instaurer ce qu'il est convenu d'appeler un État policier. Les forces démocratiques qui sont à l'œuvre - forces déjà minimes et opprimées - ne pourront qu'être appelées à se désorganisées. Et à partir du moment où celles-ci seront absentes, le champ sera libre pour l'exacerbation des contradictions et des abus inhérents au système capitaliste. Suis-je paranoïaque? Peut-être. Mais vaut mieux s'inquiéter avant qu'une telle chose se produise plutôt qu'après, quand il ne sera plus possible d'y remédier sans encourir des conséquences extrêmement graves.
Que faire?
Indubitablement, de telles lois visent à faire fléchir les éléments " discordants " de la société. Par le biais de l'instauration de la peur chez les contestataires, on cherche à décourager ceux et celles-ci sans avoir à recourir directement à la force. Brandissons la matraque, ils et elles auront peur et se décourageront. Et si la menace seule ne suffit pas, frappons; on a le droit… L'important est de ne pas céder à cette peur, de ne pas faire ce que l'État espère de nous. Restons debout, au risque de recevoir la matraque…
Texte écrit par la Fédération Syndicale Étudiante, syndicat étudiant français
Les attaques que subissent les systèmes d'éducation supérieure de l'Union Européenne appellent un front uni contestataire et revendicatif. La toute première rencontre des mouvements étudiants engagés contre la privatisation rampante de l'éducation supérieure en Europe s'est tenue en marge du contre-sommet de Laeken à Bruxelles (13/15 décembre 2001) pendant que les chefs d'États et de gouvernements se réunissaient dans le parc du roi belge et que le Maneken continuait de pisser. Les étudiants et étudiantes ne veulent pas être dégusté-e-s à la soupe Bolognaise prête à être vendue sur le marché par les ministres européens de l'éducation (sommet de Bologne, juin 1999). Il devient de plus en plus difficile d'étudier dans des conditions satisfaisantes. La hausse continue des frais d'inscription a déjà été fatale à beaucoup d'entre nous, victimes d'une violente sélection sociale. À petites touches et à coups de réformes qui n'ont de nationales que le nom de leur ministre, l'Europe fait converger ses systèmes d'éducation vers le modèle " made in USA ". Le processus de Bologne veut faire de l'enseignement supérieur un produit rentable, en privatisant le tout pour le rendre plus compétitif sur le marché international. Il s'agit de mettre en place les outils nécessaires pour intégrer les universités dans un système concurrentiel à l'échelle de l'Europe. Chaque " offre " d'enseignement devra être " compétitive " et " attractive ". Pour cela, on exploite les caractéristiques du bassin économique local pour adapter une main-d'œuvre qui s'est rabattue sur un diplôme correspondant à son pouvoir d'achat. Il est inacceptable de casser la valeur nationale de nos diplômes sous prétexte d'une décentralisation des formations décidée depuis Bruxelles visant à " responsabiliser " les universités. Autrement dit, en se désengageant financièrement de l'éducation supérieure, les États incitent les établissements à trouver localement de quoi faire fonctionner la machine à vendre du savoir.
Financement de l'université
De toutes les réformes qui se mènent au niveau européen, il n'en est pas une où le désengagement financier de l'État ne soit pas la base d'une politique de privatisation de l'université. En effet, comment vendre l'université publique si elle reste publique ? Sans argent de l'État et grâce aux lois sur la décentralisation, l'université est livrée à elle-même. La voici face à la seule source de financement possible autre que l'État : les entreprises. En Allemagne, l'argent est redirigé de la pédagogie vers la recherche, car celle-ci est plus liée aux intérêts économiques et permet de créer une pénurie budgétaire forçant les universités à la sponsorisation. Ces vingt dernières années, la diminution des dépenses publiques pour un étudiant ou une étudiante a atteint 40 % en Angleterre. Le besoin de financement est d'environ 30 milliards de francs. Mais Tony Blair n'a rien trouvé de mieux, pour remédier à cela, que de créer une "Quality Assurance Agence" pour fixer des critères qualitatifs de financement public des universités, et décider éventuellement de supprimer celles-ci. Quant à l'Espagne, le financement public de l'éducation est l'un des plus faibles d'Europe.
Marchandisation à la soupe Bolognaise
Les consensus européen de Bologne vise à créer un système dit de " qualité " de servi-ces éducatifs selon un découpage (3/5/8 ans : Licence/Master/Doctorat) de première, de deuxième et de troisième classe (lisez " qua-lité "). La hiérarchie consacrée fabrique des inégalités insoutenables, notamment au niveau régional avec la possibilité pour des établissements autonomes de lier des partenariats avec les entreprises. À région riche, fac riche et donc à région pauvre, fac pauvre… L'émergence de " pôles d'excellence " vendant des formations chères mais économiquement valorisées condamne les filières non-rentables (lettres, humanités…). Les patrons ont maintenant investi les conseils d'administration universitaires pour adapter les cours aux besoins des entreprises. Cela inaugure la montée en puissance de l'esprit d'entreprise au détriment de l'esprit critique dans les institutions éducatives…
European " Capitalist " Transfer System
Toute la communauté étudiante d'Europe est maintenant rétribuée selon un comptage de points, les fameux ECTS (European Credit Transfer System), visant à quantifier la charge de crédits officiellement valables partout en Europe. Quid de la qualité des études ? Et bien, les heureux consommateurs riches pourront évidemment acheter le savoir le plus compétitif sur le marché éducatif. Étudier dans un environnement économique favorisé permettra de décrocher les gros salaires européens. La " mobilité internationale " appelée par les vœux des dirigeants politiques signifie immobilité et déclassement pour la plupart d'entre nous.
La formation tout au long de la vie
" De plus en plus souvent, des salariés viendront à l'université pour se former parfois à plein temps mais le plus souvent à temps partiel " (*) Si les diplômes s'adaptent au contexte économique, leur durée de vie est raccourcie, ce qui implique de la part des étudiants et futurs travailleurs une plus grande flexibilité et la nécessité de retourner souvent à l'université pour compléter leur formation. Exemple : L'étudiant Hixe vient d'obtenir une licence professionnelle " maîtrise de la création culinaire et valorisation de la choucroute alsacienne ", il est alors embauché par l'entreprise " choucroute and co. " située à deux pas de la fac. La licence pro aura été élaboré grâce à un partenariat entre l'entreprise et la fac. 20 ans plus tard, récession économique, la choucroute ne se vend plus, l'entreprise licencie 10 000 employés dont Mr Hixe, 45 ans, et recentre son activité sur le maïs transgénique. Pour faire ce peut et trouver une main d'œuvre compétente elle aide un chercheur en génétique à mettre en place à l'université une nouvelle licence pro.
Martin Rose, étudiant à l’UQAM
Le pouvoir en place dans les pays occidentaux est passé maître dans l’art de l’illusion. Depuis des années d’oppression, servage et autres esclavagismes, les contingents du pouvoir se sont aperçus que l’astreinte des hommes et femmes de notre société n’était que temporaire. Bien que l’union des ouvriers se fit, d’après moi, plutôt lente, elle n’en fut pas moins radicale (quoique visiblement pas assez!) et concluante pour les têtes pensantes (sic!) de l’élite capitalisme qui ont dû prendre des mesures afin d’éviter d’autre risque de libération de l’individu (et du même coup la perte de leur avoir capital).
En effet, après quelques révolutions et rébellions ils durent modifier leur système. Une de ces solutions consistaient, ni plus ni moins à rendre aux peuples une liberté et un pouvoir décisionnel. Cette solution demandait, évidemment, une perte de pouvoir substantielle pour les gouvernements ou autres aristocraties, ce qui équivaut à dire une perte de capital.
Cette hypothèse n’étant même pas à considérer, les dirigeants décidèrent plutôt de nous en donner l’illusion. En effet, pourquoi céder un bien (le capital et le pouvoir) pour calmer les ardeurs de peuples révoltés de leur astreinte continuelle quand on peut leur en donner l’illusion?
Et voilà qu’est née la démocratie représentative. Il est à noter qu’il existe grosso modo trois types majeurs de démocratie. La démocratie représentative étant un système où les gens d’un pays ou d’une province (les municipalités aussi d’ailleurs) élisent un député d’un parti politique. Le parti politique ayant remporté le plus important nombre de comtés sera donc le gouvernement au pouvoir et pourra alors prendre les décisions qu’il désire peu importe l’opinion de la majorité des gens qu’il représente. Pourquoi ? C’est qu’en élisant un député d’un parti vous donnez, en quelque sorte, à ce parti et au ou à la député-e, un chèque en blanc. Dans un certain sens vous lui dite « j’ai confiance en vous, vous pouvez alors faire tout ce qu’il vous plaira ». C’est d’autant plus inquiétant que de savoir que les partis politiques exigent que les député-e-s suivent d’une façon très stricte la ligne du parti, c’est-à-dire les décisions qu’ont prisent les dirigeants et dirigeantes du parti. Il n’y a donc aucune place à l’imagination, à l’engagement social et aux changements drastiques (en fait même les plus petits changements sont éliminés immédiatement). D’ailleurs, la majeure partie des systèmes démocratiques à représentation n’offre souvent que très peu de choix aux électeurs et électrices. Puisque les gens élus peuvent prendre n’importe quelle décision, il est important que ceux-ci et celles-ci soient sans danger pour le système capitaliste et ploutocrate. Pour se présenter en tant que parti officiel, on doit alors dépenser des sommes faramineuses en accréditation, en plus de devoir récolter plusieurs signatures d’appuyeurs et d’appuyeuses.
Bien sûr, il existe moyen d’obtenir un gouvernement élu plus favorable à la cause humaine qu’à la cause du profit. Mais rien ne garantit que ce parti conservera ses idéologies d’avant élections. Surtout lorsque l’on sait à quel point la propagande électorale est imposante.
Une autre forme de démocratie est la démocratie participative. Cette forme de démocratie, employée par la majorité des associations syndicales étudiantes, nous permet d’élire une personne à un poste précis plutôt que de laisser le choix aux dirigeants et dirigeantes du parti. Cela permet, entre autres, d’élire des gens de différents partis au sein du même gouvernement en pouvoir, ou encore la dissolution pure et simple du principe de parti politique. Ensuite des assemblées générales permettent aux gens d’apporter des propositions et de les voter (ou l’inverse). Si une proposition est adoptée, les gens ayant donc voté en majorité pour la proposition, la représentante ou le représentant élu-e au poste (appelé exécutant ou exécutante) en aura donc le mandat. C’est dire qu’il ou elle se devra en tout temps de ne prendre aucune décision ayant à l’encontre de ce mandat. L’exécutant ou l’exécutante a donc une liberté de décision, seulement c’est le peuple qui décide de la ligne de parti du gouvernement.
Il existe aussi d’autres types de démocratie. La démocratie directe en est une autre. Elle consiste à élire des gens qui pourront eux aussi amener des propositions. Simplement les exécutantes ou exécutantes élu-e-s par le peuple ont moins de liberté d’action car toutes les décisions politiques doivent être votées par le peuple. Après tout, qui d’autre que la population est apte à votez les lois qui la régira. La démocratie directe est d’ailleurs proposée par l’anarchisme ou encore le communisme (après une période indéfinie de dictature du prolétariat, le communisme (Marxisme) mène à la dissolution de l’État par elle-même, n’ayant plus de raison d’être (plus d’oppression, plus d’État). Ceci étant fait, l’anarchie à démocratie directe serais donc instaurée1) Il m’apparaît pourtant qu’un système contrôlé par tous les gens qui y vivent et non une certaine élite bourgeoise et ploutocrate est un bien meilleur système.
Bien sûr pour instaurer de tels systèmes (participatif ou direct), la population devra d’abord se politiser et participer davantage. Mais le taux d’apolitisation de la population occidentale n’est pas un hasard. Elle découle en fait d’une centaine d’années de démocratie représentative. À force de faire faire le travail par quelqu’un d’autre, on finit par adopter un mode complètement passif, ou le travail de cette personne ne nous apparaît plus comme intéressant, stimulant voire même important car on en possède pas le contrôle. Et il n’est pas nécessaire de préciser que le pouvoir en place à tout intérêt à conserver au plus bas niveau et même diminuer la politisation des gens de façon à conserver ce pouvoir et ce capital auxquels il semble si attaché.
Par cette démocratie représentative ils nous ont donner l’illusion de détenir un pouvoir décisionnel sur notre avenir même s’ils en possède en fait tout le pouvoir. Par des techniques semblables ,ils tentent de nous faire croire à une liberté. En fait il existe une certaine liberté de l’individu, par contre, vous avez une chance sur plusieurs milliers (pourcentage à titre indicatif) de pouvoir la posséder.
La détention personnelle de capital, ou richesse personnelle, est en fait le moyen le plus facile d’obtenir une liberté. La société ploutocrate ne donnant une liberté et un pouvoir décisionnel qu’aux bien nantis, ceux-ci peuvent alors exercer ce que bon leur semble. Par contre, lorsque la pauvreté vous accable de par une répartition des avoirs mal distribués par le pouvoir auquel nous avons donné carte blanche, il ne nous reste que très peu de chance de retrouver une telle liberté.
Si non, alors il ne vous reste qu’à prier. Car quelques chanceux pourront en effet vivre ou exprimer librement leurs pensées. Si le peuple ne se sent pas libre, il y a de fortes chances qu’il réclame haut et fort sa liberté subtilisée. Ce que le pouvoir cherche à éviter; ne voulant pas tester si la prochaine révolution sera la bonne. Il doit donc donner un semblant de liberté. En laissant passer quelques personnes désirant exprimer leur opinion disons différente du cadre sociétal prescrit, il calme ce sentiment de non-liberté. En voyant que certaines personnes ont réussi à exprimer leur opinion ou encore vivre à leur manière, nous croyons pouvoir en faire de même et ainsi être tout aussi libre. Ce simple sentiment de catharsis.
Et puis, si vous lisez ce texte et que vous vous posez la question à savoir si je suis riche ou chanceux, je vous répondrai que je suis de la catégorie « détention collective de capital ». Exactement, ce journal est payé par l’ASSÉ, une association syndicale étudiante. Cette association en fait prend son argent de quelque 25 000 étudiants et étudiantes qui décidèrent démocratiquement d’adhérer aux principes de base de cette association et d’en devenir membre. Supportant l’idéologie syndicaliste de lutte où l’union est une véritable force, nous pouvons ainsi mettre une partie de nos avoirs en commun, de sorte à posséder une richesse nous permettant de publier de tels textes cherchant à rejoindre le plus de gens possible et ainsi de politiser la plus grande majorité des gens qui le lira.
Pourquoi ? La conscience politique (bien sûr historique, philosophique, sociologique et anthropologique aussi) ne peut que nous amener à s’intéresser à la société, la critiquer, et l’améliorer. La conscientisation et, a posteriori, l’action ne peut que mener à la liberté tant individuelle que politique. Car l’apolitisation est la source de tout asservissement.
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1 À lire, entre autre, La maladie infantile du communisme de Lénine et Socialisme utopique socialisme scientifique d’Engels.