En matière d’éducation, on a davantage tendance à suivre les budgets provinciaux étant donné la division des compétences. Pourtant, il faut se rappeler que le fédéral octroie chaque année des sommes considérables qui entrent directement dans les coffres de l’État québécois et qui financent des projets variés. Cette année, le Parti conservateur n’y est pas allé de main morte pour faire comprendre à la population ses orientations idéologiques : politiques fiscales favorisant les plus riches et dépenses colossales en sécurité et défense nationale.
Des chiffres évocateurs
Pendant qu’on nous laisse croire que les revendications de l’ASSÉ sont utopiques, on investit pourtant 5,3 milliards sur 5 ans dans le budget de la Défense nationale. Est-ce qu’on manque réellement d’argent ou le gouvernement n’est-il pas ici en train de faire un choix idéologique calculé ? Ce qu’on sait, c’est qu’il préfère diminuer le taux général d’imposition des sociétés qui passera de 21 % à 19 % (quand elles n’ont pas de subventions ou de reports d’impôts !) d’ici 2010 et qu’il choisit d’éliminer dès cette année la surtaxe des sociétés. En contrepartie, il octroie l’enveloppe budgétaire pour 1000 embauches à la GRC et corollaires. Prévoyant ce gouvernement… il sait bien que ses politiques conservatrices sèment la colère dans la population.
Et les programmes sociaux ?
Fidèle à leurs habitudes, les conservateurs misent sur la famille et les responsabilités individuelles pour pallier aux problèmes sociaux. Par exemple, les projets d’égalité des femmes, qui ont subi d’énormes coupures depuis l’arrivée du parti au pouvoir, ont un maigre 0 $ d’augmentation. Qui plus est, les orientations gouvernementales en matière d’égalité coulent toujours dans la même veine : restructuration des politiques pour réduire le lobbying des groupes politiques féministes et changement de cap vers l’aide aux organismes pro-vie et réducteurs au rôle de mère. D’ailleurs, rappelons-nous le projet de loi qui concède la Personnalité morale au fœtus encore dans le ventre de sa mère… loi qui fait sursauter les groupes pro-choix de peur qu’elle n’intervienne à moyen terme sur l’interruption volontaire de grossesse.
L’éducation : un pari risqué
L’éducation postsecondaire est toujours une priorité gouvernementale. Néanmoins, on peut douter des orientations idéologiques qui guident les investissements : augmentation de 10 ans pour cotiser au Régime enregistré épargne-étude, élimination de l’impôt fédéral sur tous les revenus de bourses d’études et de perfectionnement, subventions importantes pour attirer les étudiants et étudiantes de l’international qui se sont démarqué-e-s académiquement. Intéressant… si on oublie que le réseau d’éducation, tous cycles d’études confondus, est en décrépitude ; que les étudiants et étudiantes sont de plus en plus endetté-e-s et que les transferts fédéraux en éducation n’atteignent toujours pas les 4,9 milliards revendiqués par la communauté étudiante et autres partenaires.
À noter, de surcroît, que le Programme des bourses du millénaire en est à sa dernière année de vie. Décrié par Québec pour son organisation centralisée et par les syndicats étudiants de combat pour la méritocratie élitiste qu’il sous-tend (et applaudi par les associations corporatistes qui l’utilisèrent pour négocier l’issu de la grève étudiante en 2005), le Programme sera remplacé par un nouveau programme d’aide financière qui aura une enveloppe budgétaire de 350 millions de dollars en 2009-2010, somme qui passera à 400 millions en 2010-2011, à 415 millions en 2011-2012 et à 430 millions en 2012-2013.
Les étudiants et les étudiantes du Québec, ne bénéficiant pas du programme d’aide financière du fédéral, toucheront ces sommes par le biais de l’aide financière du régime québécois qui décidera des orientations concernant ce transfert fédéral. Le budget du Québec, déposé le 13 mars prochain, pourra très certainement nous éclairer sur la question. Est-ce que Québec continuera à reproduire un système d’éducation à deux vitesses ou se servira-t-il de ces sommes pour réduire l’endettement étudiant et donner une égalité des chances ? Gageons qu’il en dépendra directement de notre force de mobilisation… soyons-y !
Pour contacter le Comité à la recherche et aux affaires académiques : recherche@asse-solidarite.qc.ca