Association pour une Solidarité Syndicale Étudiante
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Un rendez-vous raté avec la solidarité
par Gabriel Nadeau-Dubois, membre du comité du journal de l’ASSÉ

Le lundi 15 juin dernier, les représentants et représentantes de neuf organisations invitées au Rendez-vous de la solidarité 2009 sont descendu-e-s dans la rue, à peine deux heures après le début des discussions, pour se joindre aux centaines de manifestants et de manifestantes déjà massés devant le Centre des congrès de Québec.

" Une consultation bidon " : c’est ainsi que les porte-paroles des groupes décrivaient le processus de consultation du ministre de l’Emploi et de la Solidarité sociale, Sam Hamad. C’est en effet devant une foule enthousiaste que ces derniers ont retiré officiellement la cocarde d’identification symbolisant leur participation à l’événement, avant de critiquer sévèrement le processus de consultation du ministre.

Le Rendez-vous de la solidarité 2009 était en fait la première d’une série de rencontres de consultation, qui se poursuivra cet automne. Ce processus vise à accoucher d’un deuxième Plan de lutte à la pauvreté, alors que le précédent plan d’action (datant de 2004) viendra à échéance l’an prochain. Pour le ministre Hamad, il s’agissait donc " d’ouvrir un espace de discussion positif et enrichissant ". Pour l’ASSÉ et ses alliés la rencontre visait " à donner de la légitimité à un plan de lutte qui ne reconnaît pas les droits des personnes en situation de pauvreté " et à un processus de consultation biaisé qui ne tient pas compte des revendications historiques du milieu communautaire. En effet, le 5 mai dernier, le ministre déclarait publiquement son intention de ne pas abolir les catégories d’aide sociale, alors que le Comité consultatif de son propre ministère, ainsi que les groupes communautaires, en avaient fait leur principale demande. De quoi remettre en question les propos du ministre qui déclarait en conférence de presse : " Nous sommes en mode de réception des idées. C’est une consultation. Nous n’avons pas de plan. "

Un cahier de consultation orienté, une consultation biaisée

Toutefois, le cahier de consultation, élaboré unilatéralement par le ministère ne tient pas compte des demandes des groupes communautaires. Ces revendications avaient été clairement énoncées au ministre Hamad le 5 juin dernier dans une lettre signée par sept des groupes présents lundi : l’ASSÉ, le Front commun des personnes assistées sociales du Québec (FCPASQ), le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), la Ligue des droits et libertés, le Mouvement d’éducation populaire et d’action communautaire du Québec (MÉPACQ), le Regroupement des comités de logement et d’associations de locataires du Québec (RCLALQ) et l’R des centres de femmes du Québec. Quatre demandes précises avaient alors été formulées : la reconnaissance de la pauvreté et de l’exclusion sociale en tant que violation des droits fondamentaux ; la mise de l’avant de la redistribution des richesses comme moyen privilégié de lutte à la pauvreté ; l’engagement de ne laisser aucun droit de regard sur les politiques publiques aux entreprises philanthropiques et la démonstration d’une ouverture réelle face à certaines mesures précises. Ces mesures comprenaient l’abolition des catégories d’aide sociale, la hausse des prestations d’aide sociale et du salaire minimum, l’élaboration d’un plan de développement de logements sociaux, d’un mécanisme de contrôle des loyers, la fin du détournement des pensions alimentaires et une réforme de l’aide financière aux études. Les groupes dénoncent aussi les nombreuses allusions du cahier de consultation aux préjugés courants envers les bénéficiaires de l’aide sociale.

Sur toutes ces questions, les réponses de Sam Hamad furent tout à fait évasives. " Nous, on veut aider les gens qui veulent se prendre en main " renchérissait-il en conférence de presse. " La pauvreté et l’exclusion, c’est pas un choix, c’est un affront ! " : les manifestants et manifestantes s’indignaient de cette allusion à peine voilée au fait que certains et certaines ne serait pas " en mouvement pour améliorer leur condition de vie ", pour emprunter les mots du ministre. Alors qu’à l’extérieur, le porte-parole du FRAPRU, François Saillant, déclarait : " Il y a de la richesse dans notre société. Elle doit être répartie. C’est la seule façon de lutter contre la pauvreté ", le ministre Hamad, lorsque questionné par l’Ultimatum, éludait la question : " J’ai toujours dit que le Québec était une des plus belles nations au monde à cause de sa redistribution de la richesse. "

L’ASSÉ lance un appel à la mobilisation

L’ASSÉ, quant à elle, lançait un appel à la mobilisation via son porte-parole, Christian Pépin : " Le message qu’on lance aujourd’hui à l’ensemble de la population, aux gens les moins nantis de la société québécoise, c’est qu’il va falloir se mobiliser en grand nombre si on veut réellement infléchir des orientations qui sont lourdement établies, des orientations néolibérales. Ce n’est pas en participant à des consultations comme celle-là qu’on va réellement réussir à réfléchir. On pense que c’est par la force du nombre que l’on va vraiment réussir à infléchir les choses vers une vraie redistribution des richesses et un vrai plan de lutte à la pauvreté. ?

À l’extérieur, Christiane, militante de Sherbrooke et bénéficiaire de l’aide sociale, s’adressait au ministre et concluait : " Votre dialogue, il est bien mal parti. "

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