Plus de cent personnes se sont rassemblées le lundi 22 juin à midi, devant le Palais de justice de Montréal, afin de soutenir le village palestinien de Bil’in qui poursuit deux entreprises canadiennes complices de l’apartheid israélien.

Ce rassemblement organisé par Tadamon ! Montréal, Young Jews for Social Justice et Solidarité pour les droits humains en Palestine visait à marquer le coup d’envoi du procès opposant le Comité populaire contre le mur de Bil’in et deux entreprises Green Park International inc. et Green Mount International inc. . Ces compagnies enregistrées à Montréal sont accusées de construire illégalement des colonies israéliennes sur les terres du village de Bil’in. Situé en Cisjordanie à 60 km de Ramallah, ce village est sous la protection du droit international humanitaire, étant donné que la Palestine est sous occupation militaire israélienne depuis 1967. Des représentants de Bil’in ont ainsi intenté des poursuites judiciaires contre deux entreprises canadiennes au nom de la 4e Convention de Genève relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre. L’article 49 précise notamment que « la Puissance occupante ne pourra procéder à la déportation ou au transfert d’une partie de sa propre population civile dans le territoire occupé par elle (1) ». Les plaignants et plaignantes réclament 2 millions de dollars en dommages, une injonction interdisant la poursuite des constructions et le démantèlement des bâtiments construits par les deux entreprises sur leurs terres.

Revenant d’une tournée à travers le Canada, les représentants de Bil’in et leur avocate israélienne Emily Schaeffer ont achevé leur voyage par une conférence à l’Université Concordia à Montréal le 19 juin dernier. Devant une salle presque comble, les panélistes ont rappelé l’importante mobilisation des villageois et villageoises de Bil’in, mobilisation devenue symbole de la résistance populaire palestinienne. En effet, depuis 2005, les habitants et habitantes du village organisent des manifestations pacifiques hebdomadaires contre la construction du mur d’apartheid et la colonisation israélienne. Le village a subi de fait l’annexion de 60 % de son territoire, pour l’essentiel des terres agricoles. Regroupé-e-s en comité populaire, les habitants et habitantes du village organisent ainsi tous les vendredis une manifestation portant un thème différent. En septembre 2007, la Cour Suprême israélienne leur a même donné raison en jugeant que le tracé du mur leur portait préjudice et qu’il devait être modifié. D’autre part, elle a ordonné le maintien des colonies construites sur les terres du village. Depuis, la situation n’a pas concrètement changé sur le terrain ; c’est pourquoi le mouvement de résistance se poursuit.

Comme le soutient l’avocat canadien de la partie plaignante, Mark Arnold, les habitants et habitantes de Bil’in n’ont pu obtenir justice en Israël, c’est pour cette raison qu’ils sont devant la justice canadienne. Prenant appui sur la Loi canadienne sur les crimes contre l’humanité et les crimes de guerre qui permet des poursuites contre des crimes commis par des Canadiens ailleurs dans le monde, Me. Arnold et Emily Schaeffer affirment que la Cour supérieure du Québec à toute la compétence nécessaire pour juger les deux entreprises enregistrées à Montréal. Il s’agit du principal point d’achoppement pour l’instant, puisque l’avocat des deux compagnies argue que le tribunal québécois n’a pas juridiction dans cette affaire. Quant à Mohamed Khatib, du Comité populaire contre le mur de Bil’in, il a tenu à réaffirmer son espoir : « Peut-être n’allons-nous pas gagner cette fois, ni devant d’autres courts, mais, un jour, nous allons réussir et c’est pourquoi nous sommes ici. »

(1) CICR. International Humanitarian Law – Quatrième convention de Genève, [http://www.icrc.org/dih.nsf/FULL/380 ?OpenDocument], (page consultée le 22 juin 2009).

Plus d’informations :

www.bilin-village.org

www.tadamon.ca

www.boycottisraelinternational.org

Photos : Tadamon ! Montréal