Suite au dépôt de son mémoire concernant les projets de loi 38 et 44 sur la gouvernance des institutions post-secondaires cet été, 3 délégué-e-s de l’ASSÉ ont pris la route vers Québec pour aller mettre de l’avant les revendications et l’analyse de l’ASSÉ en commission parlementaire. Composée de 13 membres du Parti libéral et des partis de l’opposition, cette commission reçoit des organisations depuis le 1er septembre pour entendre leur vision sur la gestion de nos institutions publiques. Pour ceux et celles qui ne sont jamais allé-e-s à l’Assemblée nationale, celle-ci est aussi tape-à-l’œil que le code vestimentaire de nos député-e-s : il faut noter qu’il est interdit d’avoir un quelconque symbole politique sur soi (eh oui, les macarons sont proscrits), sauf celui de la cravate ou du tailleur. Les député-e-s reçoivent les délégations dans la chic salle Louis-Hippolyte Lafontaine, et un remplisseur de cruche d’eau est assigné à la salle.

La présentation de l’ASSÉ a duré 30 minutes, suivie d’une heure de questions provenant des député-e-s. Christian Pépin, David Clément et Anne-Marie Provost ont présenté l’ASSÉ et ses objectifs, pour ensuite expliquer plus en détail le contenu de son mémoire et faire une première rectification : contrairement à une déclaration de la ministre Courchesne plus tôt dans la journée, c’est loin d’être tous les étudiants et toutes les étudiantes qui appuient les 2 projets de loi. Il y a ensuite eu de fortes critiques sur la question de l’importation du modèle de gestion du milieu des affaires vers les institutions publiques et sur la perméabilité des cégeps et des universités face au privé. De plus, l’ASSÉ a discuté du cas de l’UQAM, de la question des membres externes et, finalement, la délégation a proposé l’autogestion comme modèle de gestion réellement démocratique, transparent et garant d’imputabilité.

Ensuite, il y a eu la période d’intervention des député-e-s. La majorité des interventions des député-e-s ont remis en cause la disparition totale des membres externes au profit de conseils d’administration gérés entièrement par la communauté interne. Pour eux et elles, les entreprises de la région ont leur mot à dire dans la gestion des cégeps et des universités, car elles bénéficient des étudiants et étudiantes, futur-e-s travailleurs et travailleuses, et les institutions ne devraient pas être imperméables à la vie socio-économique de leur région. Les délégué-e-s de l’ASSÉ ont répliqué qu’il fallait prioriser la continuation des programmes moins rentables sur le fait d’avoir des visées économiques qui peuvent amener à des coupures, et que c’est à l’État d’absorber ces coûts. En ce sens, les membres internes sont mieux qualifié-e-s pour déterminer les besoins pédagogiques de leurs institutions et assurer un rempart contre la marchandisation de l’éducation. Il est aussi mentionné que les membres internes sont les mieux placé-e-s pour assurer un contre-pouvoir à la direction, contrairement aux membres externes qui trop souvent marchent main dans la main avec celle-ci.

La députée péquiste Marie Malavoy a fortement appuyé la critique de l’ASSÉ concernant l’absence de débat public préalable aux projets de loi, mais a jugé que celle-ci allait trop loin en prônant la disparition totale des membres externes. Le député de Québec solidaire, Amir Khadir, a ensuite fait une intervention pour appuyer l’importance du système d’éducation publique. La palme d’or revient à Gérald Deltell, ardent partisan de la « démocratie extrême », qui a cru bon de faire la morale aux délégué-es sur le fait que le privé, ce n’est pas une maladie vénérienne.

NB : Le vidéo complet de l’intervention de l’ASSÉ et des autres organisations se trouve ici. Pour voir un abrégé de l’intervention des 3 délégué-es de l’ASSÉ, cliquez ici !