Le lundi 12 juin dernier, le ministre Fournier a fait une sortie dans les médias afin d’annoncer son plan de rapprochement entre la formation professionnelle et technique. Ce nouveau plan met l’accent sur trois aspects à rapprocher pour « améliorer » l’éducation professionnelle et technique : le rapprochement entre les programmes techniques et professionnels, entre les institutions d’une même région et avec le marché du travail.
Loin de nous apprendre quoi que ce soit de nouveau, cette annonce ne fait que confirmer ce que l’on observe depuis plusieurs années déjà dans le réseau collégial, l’arrimage au marché de l’éducation. En effet, dans le cadre du plan montré par le ministre, on présente quelques « projets porteurs », qui rapprochent notamment les entreprises privées de la région concernée avec l’éducation professionnelle et technique, afin d’adapter les programmes aux demandes du marché. Cette approche utilitariste démontre que pour le gouvernement, les programmes techniques ne sont qu’une usine à diplômes servant à répondre aux besoins de main-d’œuvre des entreprises privées. Au contraire, les cégeps devraient viser à créer des personnes polyvalentes et conscientes du monde dans lequel elles vivent.
De plus, dans le cadre de cette réforme, le ministre Fournier annonce qu’il laisserait une place plus importante aux régions dans le cadre de la formation technique et professionnelle, ce qui laisse présager une forme de décentralisation. Une telle décentralisation entre les régions ne ferait qu’accroître l’esprit de compétition entre les institutions, ce qui a pour conséquence une spécialisation des différents cégeps pour attirer une population étudiante spécifique. Les cégeps perdraient, ainsi, leur mission d’offrir une diversité de programmes aux étudiants et étudiantes des régions.
En ce qui concerne plus particulièrement le rapprochement entre la formation professionnelle et technique, le plan présenté par le ministre donne un peu plus d’informations par rapport à la passerelle DEP-DEC que le gouvernement est en train de mettre en place. Une des problématiques de cette passerelle est la possibilité pour les étudiantes et étudiants du secteur professionnel de pouvoir faire une formation technique sans avoir obtenu leur diplôme d’étude secondaire, ce qui cause assurément une disparité importante entre les étudiantes et étudiants ayant passé par le secteur professionnel et les autres au niveau de la formation générale au collégial. De plus, cette passerelle permet à un étudiant ou une étudiante n’ayant pas obtenu ses mathématiques 436 ou 536 au secondaire de faire un cours de rattrapage de quinze heures au cégep pour les obtenir. C’est encore une fois mettre de côté la formation générale en nivelant vers le bas.
Nous devons, pour défendre une éducation accessible et de qualité, dénoncer le tournant qu’a pris le réseau collégial depuis trop d’années et exiger du gouvernement de mettre fin à tout projet visant l’arrimage aux lois du marché et à sa décentralisation. Les cégeps doivent, au contraire des désirs du gouvernement et du patronat, être au service de la population étudiante.