L’automne dernier, l’université McGill annonçait que son programme MBA (Master of Business Administration) passerait de 1 673 $ à 29 500$, soit une augmentation de 1600%. Malgré les rappels à l’ordre de la ministre Courchesne, l’université décide quand même d’aller de l’avant et affiche partout que son MBA coûtera maintenant définitivement plus cher. McGill affirme que pour rester dans la course à la réputation elle doit hausser les frais, alors que de l’autre côté on craint pour l’accessibilité aux études. Les sanctions prévues par Québec ? Couper la subvention de 10 000$ par étudiant au MBA dont McGill bénéficie.
Dans une réaction le lendemain, la principale et vice-chancelière de McGill, Heather Munroe-Blum, affirme vouloir se passer de la subvention de Québec et se dit étonnée de voir autant de réaction négative. En effet, selon Mme Munroe-Blum, « Nous avons une mission distincte. On est la première université au Québec. On est un atout pour le Québec. Pourquoi ne pas avoir le meilleur programme qui aura des retombées ici ? [...] Je pense que les entreprises du Québec méritent d’avoir les meilleurs. » Elle maintient également qu’il y aura des bourses d’excellences pour les moins nantis.
Apparemment, ces arguments ne convainquent pas les autres universités offrant le MBA, qui s’entendent entre elles pour affirmer qu’elles ne souhaitent pas hausser leur frais de scolarité en plaidant l’accessibilité au réseau universitaire. On ne sait pas si elles sont sérieuses ou non, on se demande presque si le fait de donner des gifles médiatiques à McGill ne résulte pas d’une stratégie pour se faire du capital symbolique potentiellement rentable sur son dos. En fait, toute cette scène est un peu loufoque. Courchesne faisant la morale à McGill sur la question de l’accessibilité alors que de l’autre main son gouvernement a haussé les frais de scolarité à l’université et souhaite récidivé avec des hausses de tarifs dans les autres secteurs de la société, tout en menaçant de privatiser partiellement le réseau de la santé. L’UQAM, l’École des HEC et Concordia sortant leurs violons pour nous dire qu’il faut garder le programme accessible, alors que les cocktails, les voyages en Asie et les grands forums économiques sont aux frais des étudiants.
Hausse des tarifs et privatisation.
Les libéraux nous promettaient des consultations pré-budgétaires mais finalement, nous avons droit à un site internet bidon, à quelques rencontres avec des organismes ciblés et à un exercice de relation publique appelé « rencontre économique 2010 ». Les discussions de cette rencontre ont été en lien avec le budget, mais aussi parsemées de réflexion sur l’avenir du Québec sur les prochaines années. Le but n’était donc pas de faire un retour sur l’état des finances publiques et les moyens de retrouver l’équilibre budgétaire. Bachand nous a rassuré en affirmant que « La finalité, ce n’est pas équilibrer le budget. La finalité, c’est d’être heureux comme peuple ». Ironique, venant d’un homme politique issu d’un parti politique accélérant la destruction du monde.
La coalition contre la hausse des tarifs et la privatisation, dont l’ASSÉ est membre, a organisé un comité d’accueil pour souligner l’évènement.
Durant cette rencontre, nous avons eu droit à une sortie moyennâgeuse de Pierre-Karl Péladeau sur la question syndicale, qui nous rappelait que les syndicats ne servent plus à rien et freinent la croissance et la productivité. À la fin de la rencontre, Charest a du se défendre sur le fait que la réunion n’ait pas été improductive, certains ayant émis des doutes...
Moins d’une semaine après la rencontre économique, le comité consultatif du ministre des Finances Raymond Bachand, formé entre autre de Pierre Fortin, Claude Montmarquette et Luc Godbout, conseillait de soumettre le secteur public à la concurrence du privé pour revitaliser l’économie québécoise. Selon le comité, « La seule façon d’améliorer l’efficacité du secteur de la santé, comme de l’ensemble secteur public, est de soumettre systématiquement ses programmes à des mécanismes d’évaluation de performances et de récompenser financièrement les meilleurs en leur permettant, par exemple, de conserver les fruits de leurs gains d’efficacité. Si la mise en place de tels mécanismes d’évaluation apparaît trop difficile, on peut en appeler à la concurrence du secteur privé ». Ce n’est pas sans nous rappeler 2 projets de loi sur la gouvernance des institutions post-secondaires… Le comité appelle également à une fiscalité plus efficace, notamment par la hausse des taxes et des tarifs dans le secteur public. Toutefois, le comité suggère de prioriser la privatisation avant une hausse de tarif. Solution qui semble plaire à Pauline Marois…
Anne-Marie Provost