Le mercredi 17 février, le Syndicat des chargé-e-s de cours de l’Université de Montréal (SCCCUM) entamait son deuxième après-midi de grève pour le renouvellement de sa convention collective.
Fort d’un mandat de grève générale illimitée, le syndicat avait déjà eu recours à ce moyen de pression lundi le 15 février, suite à l’échec des négociations avec les représentants et représentantes de l’administration le 1er février dernier. Cette journée d’action a été l’occasion d’une manifestation devant l’édifice principal Roger-Gaudry. Qualifiée de « bon succès » par le président du SCCCUM, Francis Lagacé, cette première journée de grève a notamment permis de faire « capoter l’assemblée universitaire » prévue ce jour-là, par absence de quorum. Cependant, faisant face à une fin de non-recevoir lors de la rencontre de négociations du 16 février, le syndicat a décidé de poursuivre la grève ce mercredi. Rencontré en entrevue, M.Lagacé affirmait à l’Ultimatum que seules des « avancées sur des sujets périphériques », comme la mise en place d’un comité santé et sécurité au travail déjà prévue par la Loi, avaient eu lieu. La prochaine rencontre de négociation devait se tenir le 18 février. Rappelons que les membres du SCCCUM sont sans contrat de travail depuis le le 31 août 2009. Dans ce conflit, les chargé-e-s de cours exigent au premier chef le contrôle de la taille des groupes-cours. Cette mesure, déjà présente dans les conventions collectives des chargé-e-s de cours de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) et de l’Université du Québec en Outaouais (UQO), vise à limiter la taille des groupes de manière à assurer la qualité de l’enseignement et à alléger la charge de travail des chargé-e-s de cours. Alors que le syndicat a fait de cette revendication le fer-de-lance de sa mobilisation, le conflit risque de se prolonger étant donné la fermeture complète de l’administration sur ce dossier. Le syndicat revendique aussi la stabilisation de l’emploi pour les personnes les plus précaires, un meilleur accès à la prime de départ à la retraite, l’inclusion pleine et entière des accompagnateurs et accompagnatrices de la faculté de musique dans sa convention collective et l’exonération des frais de scolarité pour les membres de leur famille. Au chapitre des salaires, le SCCCUM revendique un rattrapage salarial significatif. Inférieur à la moyenne des salaires des chargé-e-s de cours des autres universités, le salaire de ceux et celles de l’Université de Montréal est de surcroît inférieur de 7,7 % par rapport au salaire des professeur-e-s, uniquement pour la partie enseignement de leur tâche. Ce calcul, effectué par la direction de l’université quelques mois plus tôt, est maintenant rejeté du revers de la main par celle-ci, qui ne propose que 2 % d’augmentation de la masse salariale (incluant d’autres charges que les salaires).
Quant au problème du sous-financement des universités québécoises, les grévistes font valoir que Québec pourrait facilement aller chercher 5 G $ sans hausser les tarifs, mais aussi que l’Université de Montréal fait des choix politiques plus que comptables dans la gestion de ses finances. M.Lagacé dénonçait notamment que les chargé-e-s de cours ne représentaient que « 5 % des salaires de l’université alors [qu’ils donnent] 50 % des cours ». Il décriait également le recours coûteux à une firme d’avocats externes pour les négociations et les récentes augmentations rétroactives de l’ordre de 2,5 M $ pour les cadres de l’université. Sur une possible hausse des frais afférents pour financer leurs revendications, M.Lagacé a clairement fait savoir que ce scénario n’était « pas acceptable », en rappelant que sa fédération syndicale, la Fédération nationale des enseignantes et enseignants du Québec (FNEEQ) affiliée à la CSN, était en faveur de la gratuité scolaire.
Sur le refus du syndicat des professeur-e-s d’employer la grève, le président du SCCCUM s’est dit « très déçu » du résultat du vote de l’assemblée générale du 9 février. Même s’ils et elles ont rejeté unanimement les offres de la direction, les professeur-e-s ont en effet refusé d’employer ce moyen de pression dans une proportion de 52 % (323 contre, 301 pour, 2 abstentions). Pour M.Lagacé, cet état de fait s’explique en partie par l’indépendance du Syndicat général des professeur-e-s de l’Université de Montréal (SGPUM). La grève étant un moment déstabilisant, il l’est d’autant plus lorsque l’on ne bénéficie pas d’un soutien logistique d’une centrale syndicale. De manière générale, M.Lagacé restait optimiste sur un futur vote des professeur-e-s : « Tout n’est pas joué », a-t-il soutenu.
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