7 février 2003 - À deux jours de préavis, l’administration des Hautes Études Commerciales de Montréal a unilatéralement pris la décision de bouleverser l’organisation de l’événement AlternAgora, une simulation de forum social cherchant à prendre le contre-pied d’une simulation de l’Organisation Mondiale du Commerce prévue aux mêmes dates. En annulant plusieurs réservations de locaux pour de soi-disant motifs de sécurité, les HEC ont cherché à bâillonner l’expression d’une réflexion critique sur l’état actuel du monde, ses politiques, ses pouvoirs et ses inégalités.
Ce grossier acte de censure n’est pas sans rappeler le moratoire imposé l’automne dernier par l’administration de l’Université Concordia afin d’interdire les activités portant sur le conflit au Moyen-Orient, une décision contre laquelle s’est justement insurgé le Concordia Student Union (CSU). Comme elle l’avait fait dans le cas de l’Université Concordia, l’Association pour une Solidarité Syndicale Étudiante (ASSÉ) tient à dénoncer l’attitude autoritaire de l’administration des HEC.
Nous ne croyons pas que l’institution universitaire doive être, comme on l’appelle parfois, une tour d’ivoire, un sanctuaire protégé du tumulte de notre société. Nous ne croyons pas non plus qu’elle le soit. Au contraire, il semble que le conservatisme galopant des universités ne soit que le symptôme d’un phénomène généralisé, la pointe d’un iceberg autrement plus inquiétant. En effet, l’intolérance des administrations universitaires ne constitue que le pendant académique d’un climat social caractérisé par une répression politique accrue, une difficulté croissante à défendre ses conditions de travail, à avoir accès à des soins de santé, à une sécurité sociale, etc. ; bref, des temps difficiles pour les droits politiques et sociaux. Et si à l’université les valeurs de l’Ordre gagnent progressivement du terrain aux dépends du droits à la critique et à la dissidence, on peut présumer que dans les degrés plus laborieux de l’échelle sociale, l’étau se resserre avec encore bien plus de poigne !
Selon Héloïse Moysan-Lapointe, secrétaire à l’information de l’ASSÉ : « Quand les autorités font en sorte d’attiser les tensions, la plupart du temps sous le prétexte mensonger d’espérer l’effet inverse, c’est souvent pour ensuite mieux justifier l’emploi de la manière forte. » Ainsi, les directions de Concordia et des HEC ont fourni une autre démonstration de ce que les autorités n’aiment pas la démocratie et les débat qu’elle suppose, des formes politiques où elles ont trop à perdre ; elles préfèrent le conflit ouvert et direct, un terrain sur lequel elles croient avoir l’avantage des armes.
L’ASSÉ espèrent que ces malheureux événements rappelleront aux étudiants et aux étudiantes la nécessité de s’organiser en syndicats étudiants pour faire front contre des universités élitistes et conservatrices. Elle exhorte aussi l’ensemble des universitaires à prendre leurs responsabilités et à s’engager dans un débat social encore beaucoup trop timide.
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