Montréal, le 17 janvier 2005 - L’annonce du ministre s’inscrit bien dans la politique d’apaisement débutée la semaine dernière avec la présentation d’un programme de Remboursement proportionnel au revenu qui sera mis en place dès l’automne 2005. Pousser par la pression qu’à exercer sur lui la mobilisation des syndicats des professeur-e-s et des étudiantes et étudiants et, afin d’apaiser la grogne, le ministre annonce en grande pompe le maintien du principe de DÉC national qu’il continuera de décerner.
Cependant, nous ne devons pas nous satisfaire de ce seul élément en oubliant ce que sous-entendent d’autres aspects de l’annonce du ministre. Celui-ci, nous affirme qu’« afin de faciliter l’arrimage des programmes d’études aux besoins des milieux, les collèges auront la responsabilité d’ajuster les programmes pour lesquels ils bénéficient actuellement d’une autorisation. » Ce que cela sous-entend, nous pouvons l’apprendre en analysant les programmes de fusion de la formation professionnelle et technique, déjà mis à l’essai dans plusieurs collèges à travers la province. Ainsi, par exemple, à Rimouski, un projet de fusion de ces formations est lié à l’entreprise de télécommunications TELUS. À Drummondville, autre exemple, un tel projet de fusion vise à « mieux répondre aux besoins des entreprises » selon le directeur du cégep, nous apprenait La Presse du 21 décembre 2004. Ces projets seront pris en compte par le ministre qui s’en inspirera avant d’annoncer sa propre vision de la forme que doit prendre la fusion des formations professionnelles et techniques.
Ces projets doivent nous faire comprendre que la question de la décentralisation des cégeps, sur laquelle le ministre a partiellement reculé, n’est pas une fin en soi. Il s’agit manifestement d’un moyen visant à arrimer l’éducation aux besoins du marché ; le ministre ne cache d’ailleurs pas vouloir atteindre cet objectif dans l’annonce d’aujourd’hui. Si le projet de décentralisation de l’octroie des diplômes est mis sur la glace, celui de la fusion des formations professionnelles et techniques pourra prendre la relève afin d’avancer vers l’atteinte de cet objectif global d’arrimage au marché. Il faudra donc rester alerte quant aux intentions du ministre sur cette question.
Par ailleurs, la mesure annoncée par le ministre visant à décerner des « sanctions intermédiaires » est aussi inquiétante dans la mesure où elle pourrait impliquer que soit négligée la formation générale afin de permettre une accession plus rapide au marché du travail et donc, encore une fois, de répondre aux besoins des entreprises.
Enfin, le ministre, souhaitant manifestement se faire pardonner la coupure de 103 millions $ dans le système des prêts et bourses, présente comme un investissement ce qui n’en est pas un. Le ministre parle en effet d’un investissement de « 5 millions $ pour favoriser la réussite au collégial » alors que cette somme avait déjà été allouée par le dernier budget du gouvernement. Une fois encore, le ministre tente de nous jeter de la poudre aux yeux.
Selon Xavier Lafrance, Secrétaire aux relations externes de l’ASSÉ : « La nouvelle annonce visant à apaiser la grogne soulevée par une éventuelle décentralisation de l’octroie des diplômes ne résous en rien le problème de l’influence du privé sur le réseau d’éducation post-secondaire. Par ailleurs, le ministre demeure toujours silencieux quant à la coupure dans le système des prêts et bourses. Il faudra continuer de pressuriser le gouvernement afin qu’il entende nos demandes et qu’il y réponde. » Ainsi, l’ASSÉ prévoit le déclenchement d’une grève générale dès cette session, dont il sera question lors de son Congrès des 29 et 30 janvier prochains à Montréal, afin que le ministre recule sur la question de la coupure de 103 millions $ et de la réforme de l’AFE, qu’il mette fin à la hausse des frais de scolarité pour les étudiants internationaux et étudiantes internationales et, enfin, dans le but que le ministre s’engage à maintenir le caractère public, et exempt d’influence du marché, du réseau collégial.
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Contact : Xavier Lafrance, Secrétaire aux relations externes de l’ASSÉ : téléavertisseur : (514) 480-5312, bureau : (514) 390-0110.